jeudi 20 mars 2014

Billets-Le libéralisme ne concerne pas les relations étatiques


Le libéralisme ne concerne pas les relations étatiques

L’État est né pour protéger l’homme de lui-même et corriger le « dangereux » état de nature où prévaudrait « la loi de la jungle ». C’est une jolie histoire que les étatistes nous racontent mais les plus grandes agressions envers l’homme proviennent de l’État, pas de ses semblables. À l’extérieur, les guerres font s’affronter les uns aux autres sans besoin que les combattants ne se connaissent et à l’intérieur la paix sociale s’impose au moyen du monopole de la force. Les frontières politiques nous séparent de manière artificielle. Il existe des frontières naturelles mais cela fait des décennies que les hommes sont arrivés à les franchir par terre, mer et air. Il est probable que l’espace ne serait pas une frontière si on l’avait laissé aux mains de l’initiative privée et d’aventuriers insensés au lieu d’être planifié par des bureaucrates qui dépendent de budgets publics.

La politique étrangère peut être apaisée par des paroles douces comme le velours mais la politique de l’action s’impose. Ces derniers jours nous avons vu comment les troupes russes ont pris position dans la province ukrainienne de Crimée suivant une politique des faits accomplis tandis que les partisans de la diplomatie organisaient réunions et commissions. Le réalisme finit par prévaloir sur l’idéalisme : tandis que certains envahissent des pays, d’autres comptent toujours les nuages. Ce serait une erreur de penser que cette politique de l’action est due à des réflexes totalitaires de la Russie, car il ne faut pas remonter trop loin pour se souvenir de l’espionnage des États-Unis qui incluait même des dirigeants de pays « alliés ».
Les démocraties actuelles dissimulent le pouvoir du monopole étatique en adoucissant ses formes. Mais en conservant intacts ses privilèges collectifs sur les individus. Les mots servent de couverture à la force ; la « démocratie délibérative » d’artifice dialectique qui décore l’imposition législative ; les élections démocratiques de système de répartition du pouvoir étatique ; l’économie d’État-providence de mercantilisme d’État qui favorise les amis ; et le droit international de résolution des conflits entre États.

Les rêves des planificateurs de la paix sont bien anciens et, depuis qu’au 17e siècle Emeric Crucé a fait sa proposition, en passant par la Paix perpétuelle de Kant ou les 14 points wilsoniens, jusqu’à l’Organisation des Nations unies, nombreuses ont été les tentatives d’une histoire parsemée d’échecs. La Pax europea est une autre illusion qui essaie de substituer un concept géographique, l’Europe, par un autre politique, l’Union européenne. En Ukraine, on a vu comment au-delà de ses frontières l’Union européenne n’a ni auctoritas ni potestas. Les Ukrainiens deviennent les otages d’une situation créée par des intérêts politiques, nationaux et internationaux, qui n’auraient pu être résolus d’une autre manière. Jouer avec les sentiments nationalistes pour atteindre l’un ou l’autre objectif politique nous rappelle les pires heures du siècle passé.
Le conflit existe, c’est quelque chose de quotidien que nous affrontons dans nos vies. L’ignorer ou le maquiller ne peut que mener à l’échec, imposer une solution également. Les États peuvent essayer de feindre la coopération mais aux moments clés, ils dévoilent leur nature, celle de la force, de l’imposition. Les tensions et les divergences se règlent au quotidien dans nos relations personnelles, mais aussi à des niveaux collectifs, de manière pacifique au travers de l’échange libre de biens et services ; la coopération et le commerce remplacent la guerre dans les relations libres entre personnes et entreprises quand l’État n’impose pas sa force. Le libéralisme ne concerne pas les relations étatiques ; le problème ne réside pas dans la liberté mais dans les États.

Source contrepoints.org (Miquel Rosselló Arrom)

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