samedi 8 mars 2014

Billets-La guerre des "Trolls"


La guerre des "Trolls"

Ces derniers jours, les sites des grands médias polonais ont été envahis par les "trolls" russes proguerre, dans le but de squatter l'espace réservé aux commentaires. Comment les reconnaître ?
 
"Les commentaires écrits par les Russes sont différents de ceux envoyés par les Polonais prorusses. Mais nous avons appris à les distinguer", affirme un expert.
A la suite de l'article de Newsweek Polska du 4 mars [voir encadré] consacré à des cyberattaques russes contre Internet en Pologne, nous avons exprimé notre inquiétude après avoir constaté un nombre non proportionnellement élevé de commentaires prorusses suspects. De nombreuses personnes nous ont confirmé la justesse de nos observations. A l'occasion, les spécialistes de la Toile ont aussi réagi.
Michal Fedorowicz de l'entreprise Apostolowie Opinii ["Apôtres de l'opinion"], spécialisé dans le "nettoyage" de contenus haineux dans les commentaires, a même affirmé que "l'inondation actuelle du web par la haine est sans précédent. Elle est très bien organisée, développée et cynique." "Il faut savoir qu'une opinion se construit et se développe. Il ne s'agit pas du simple trolling, mais d'une action réfléchie, qui a un plan et des objectifs", explique Fedorowicz.
Il explique que lui et ses collaborateurs ont découvert des différences entre une action organisée par la Russie et les opinions prorusses de Polonais ordinaires.
Premièrement, ce qui les différencie, c'est la longueur des messages. Celui d'un hater polonais est très court, tout au plus deux ou trois phrases simples. En revanche, un post en provenance de la Russie est ample, avec des phrases complexes. Les propos ont un début, un développement et une fin.

Le hater polonais est concis et primitif
Deuxièmement, le vocabulaire utilisé. Si le hater polonais est primitif, les posts en provenance de la Russie sont intellectuels. On peut en trouver des similaires en anglais, publiés dans les forums de la chaîne d'information Russia Today. Les personnes qui les écrivent ont un savoir historique, mais utilisent des expressions étrangères au langage courant sur le web polonais. Elles font appel aux émotions, aux faits historiques et politiques. Le plus souvent, ils ne sont pas insultants pour les lecteurs, mais ont pour but de convertir le public.
Puis il y a la cadence de la publication des messages. Sur certains forums, les posts de la Russie sont publiés toutes les 10 ou 20 secondes, et pourtant ils contiennent entre 10 et 20 phrases. Même en temps de grande crise, il n'est pas possible de publier des textes aussi développés sans préparation.
Le hater polonais passe outre la grammaire, le style et la ponctuation. Or le post russe a tout l'air d'être passé par un correcteur automatique.
Puis il y a des insultes. Le plus souvent, les Polonais utilisent le mot "hitlérien" au lieu du "fasciste". Chez nous, le mot "fasciste" est beaucoup moins expressif et moins insultant qu'à l'Est.
Il reste la question de la présence : il n'y a pas de posts russes sur les sites de droite ou thématiques, mais uniquement sur les sites de grands portails généralistes, comme Onet.pl, Gazeta.pl ou Wp.pl.

Une cyber guerre russe
"C'est toujours le même scénario : dès la publication d'articles sur l'Ukraine, les commentaires sont d'abord modérés, puis, comme par enchantement, leur nombre augmente et ils deviennent pro russes, anti ukrainiens et anti polonais, souvent vulgaires. Les trolls dominent la discussion", explique Newsweek Polska dans son article du 4 mars. Le journal y voit la main de Moscou : environ 80 % de ces messages seraient envoyés via de fausses adresses dans le monde entier... sauf de Russie. Ce serait, selon un spécialiste du cyber terrorisme, un moyen pour les hackers d'effacer leurs traces. La Russie possède l'une de plus grandes armées de hackers au monde, explique Newsweek Polska.


Source Courrier International

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