samedi 11 janvier 2014

Billets-Bruno Gaccio, idéaliste électoral


Bruno Gaccio, idéaliste électoral

Aucun sujet ne le laisse indifférent. Surtout pas la politique. Mais l'ancien Guignol est-il crédible dans cette nouvelle voie ? Bizarrement, oui.

Vous n'auriez jamais pensé croiser Bruno Gaccio à la salle polyvalente de votre ville ? En 2014, si ça se trouve, vous irez le voir sur scène. L'écouter promettre, la main sur le cœur, des lendemains qui chantent. Depuis le 1er janvier 2014, l'humoriste bat la campagne des élections européennes au nom de Nouvelle Donne, le parti politique qu'il a fondé, fin novembre, avec l'élu d'Ile-de-France Pierre Larrouturou (ex-PS), le sociologue Edgar Morin, l'urgentiste Patrick Pelloux, la philosophe Dominique Méda, etc.

Nouvelle Donne parce que New Deal, la politique lancée par Roosevelt au sortir de la crise de 29, destinée à dompter les marchés financiers. Pour Gaccio, tout vient de là, de la finance et de la promesse (non tenue, juge-t-il) de François Hollande d'en faire son ennemie. Avec le sentiment d'avoir été floué, est montée l'envie de s'y coller. De la part de celui qui, en 2002, grimpait sur les tables de Canal+ pour sauver Pierre Lescure d'un licenciement signifié par Jean-Marie Messier, l'engagement n'est qu'à moitié étonnant.

Soucieux de bien se faire compren­dre, il a d'abord commis un essai, paru en novembre aux Liens qui libèrent, ­Petit Manuel de survie à l'intention d'un socialiste dans un dîner avec des gens de gauche. En cent vingt pages toniques, ce fils d'ouvrier stéphanois prodigue moult conseils à un putatif permanent de la Rue de Solférino obligé de justifier les œuvres de « son » président de la République au cours de toutes sortes de dîners : chez des mélenchonistes, des sexagénaires érudits, un pote des années collage, etc.

Que la conversation roule sur la dette publique ou la compétitivité allemande, aucun sujet ne le laisse coi. En ardent dépréciateur d'une argumentation qu'il juge usée, Gaccio propose des démonstrations drôles à force de paraître absurdes. Son propos pourrait être assassin de causticité, tragique de lucidité ; il ne peut s'empêcher de rester tendre – élégance inattendue du mari trompé qui ne veut pas salir une histoire gâchée.

L'humoriste qui se pique de politique, le cas de figure s'est déjà vu – et ce n'est pas toujours drôle. Mais son passé d'auteur de calembours pour Les Guignols ne décrédibilise en rien la nouvelle carrière de Gaccio, par ailleurs à la tête de l'écriture des fictions courtes sur Canal. Le quinquagénaire goguenard, représentant totémique de la beaufitude branchée des années 90, a fait rire. Il le fera sans doute encore (que son double de latex fasse son apparition chez PPD ne serait que justice) et, qui sait, peut-être fera-t-il aussi rêver quelques inscrits à des jours meilleurs.

Dans cette bataille perdue d'avance (selon toute probabilité, Nouvelle Donne fera « pschitt » sitôt la fenêtre électorale refermée), il n'a rien à gagner. Ce partisan de la prise en compte du vote blanc logique pour quelqu'un qui cherche une alternative aux partis traditionnels – n'attend ni poste, ni argent, ni excès d'honneur. C'est beau, c'est rafraîchissant. Ça ne sert à rien. Rien d'autre, en tout cas, que de déclarer sa foi dans l'action poli­tique. Son désir d'avenir. Son envie de dire « le changement, ça pourrait être maintenant » ! Il y a bien des gens qui se souhaitent une « bonne année ».

Bruno Gaccio en quelques dates
1958 Naissance à Saint-Etienne.
1982 Premiers pas sur la scène du Petit théâtre de Bouvard, sur Antenne 2.
1992 Premiers sketchs pour Les Guignols, sur Canal+.
2007 Condamné pour des coups portés à un paparazzi.
2013 Lancement de Nouvelle Donne, au côté de Pierre Larrouturou.


 Source telerama.fr

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