mercredi 16 décembre 2020

Billets-House of Cards


House of Cards

Le cinéaste virtuose David Fincher signe sa première série télé avec “House of cards”, diffusée sur Canal +. Un drame politique au casting impeccable (Kevin Spacey, Robin Wright).


Kevin Spacey. © Sony Picture Television inc

Il fixe la caméra avec le sourire en coin de celui à qui on ne la fait pas. Sur un ton à la fois doucereux et suffisant, il s'adresse à nous, public, donne sa vision de l'exercice du pouvoir à Washington, où, « comme dans l'immobilier, tout est question de positionnement ». Habitué des coulisses du Congrès, il laisse entendre qu'il est sur le point d'entrer dans l'histoire, lui, le futur secrétaire d'Etat — l'équivalent de notre ministre des Affaires étrangères. Il se trompe. Francis « Frank » Under­wood, représentant démocrate au Parlement américain, restera dans l'ombre. Pour mieux servir le nouveau Président, lui explique-t-on. Sans perdre son calme, il va alors méthodiquement ourdir sa vengeance et mettre à terre ceux qui l'ont trahi, le privant de la gloire politique qu'il attendait tant.

Première série originale de l'opérateur de vidéo à la demande Netflix, House of cards marque les débuts à la télévision de David Fincher. Le réalisateur de Seven et Millénium rejoint Martin Scorsese, Gus Van Sant ou encore Michael Mann dans la liste des grands noms de Hollywood passés au petit écran. Producteur de ce thriller politique au casting haut de gamme dominé par Kevin Spacey et Robin Wright, il en a également réalisé les deux premiers épisodes. « C'est une histoire de pouvoir, celle d'un homme qui, après avoir fait le sale boulot de ceux qui gouvernent, va leur démontrer qui est vraiment aux manettes, qui peut faire et défaire l'agenda politique et les carrières, explique-t-il. Ce n'est pas un hasard si Machiavel était en résidence surveillée quand il a écrit Le Prince. C'était un homme dangereux... »


Kevin Spacey et Robin Wrright, un couple à la déontologie très discutable. © Sony Picture Television inc

Un peu rapidement considéré comme le négatif d'A la Maison-Blanche, son double en plus sombre, House of cards, adapté d'une série du même nom de la BBC, dépeint un monde politique peu reluisant, à l'image de son personnage principal, parfois taxé de cynisme. « Ce n'est pas du cynisme, c'est du réalisme, s'agace David Fincher. Frank Capra avait une vision optimiste de l'Amérique. Pas moi. Certains aiment voir des personnages aimables, qui incarnent une vision flatteuse de notre humanité. Tant mieux pour eux. Ceux qui m'intéressent sont moins nobles, plus égoïstes et plus ambigus. »

  • Jeu de massacre ludique
Sans écarter les enjeux politiques — on y parle notamment d'éducation et des lobbies du gaz —, House of cards oscille entre jeu de massacre ludique et observation fascinante de la valse des ambitions. Celles de Frank bien sûr (Kevin Spacey, tour à tour glaçant et mielleux), mais aussi celles de Claire, son épouse, patronne d'ONG à la déontologie discutable (Robin Wright, parfaite), de Zoe, jeune journaliste brillante mais candide (Kate Mara), et de beaucoup d'autres, tous en fragile équilibre sur le château de cartes du titre. « Il y a un enjeu moral au centre de House of cards, précise Kevin Spacey : peut-on se ranger aux côtés de Frank, malgré son machiavélisme, parce que c'est un homme politique efficace ? Et, plus globalement, vaut-il mieux que nos dirigeants soient des gens réglos mais impuissants ou des types à la moralité discutable mais qui font bouger les choses ? »
Méticuleusement structurée et dialoguée, au détriment d'une émotion qui tarde à percer dans cette première saison, House of cards est d'abord une leçon de mise en scène. L'obsession du plan parfait de David Fincher — il reconnaît avoir fait quatre-vingt-dix-neuf prises de la première scène de The Social Network — transpire dès les premières secondes, quand la caméra balaie les rues de la capitale, ne négligeant aucun angle. A l'image de la stratégie millimétrée élaborée par Frank Under­wood, chaque scène, chaque cadrage (esthétiquement bluffant) est utile, porteur de sens. « Télévision ou cinéma, je ne sais pas faire autrement que ce que je fais d'habitude. La mise en scène, la direction d'acteurs, la photographie, je n'ai rien changé. Je vais aussi vite que possible, mais je garde mes méthodes pour que chaque plan soit parfait », explique-t-il.
Lancée pour au moins deux saisons, soit vingt-six épisodes, House of cards multiplie les rebondissements, mais dessine ses personnages avec une infinie patience. « J'ai eu des réunions avec des patrons de studios qui me disaient : "Je ne comprends pas, page 2, ce personnage dit qu'il pense ça, et page 26, il fait l'inverse. Il est incohérent !" se souvient Fincher. Les séries permettent précisément cela, avoir des héros qui changent d'avis d'un épisode à l'autre, qui se remettent en question. » Exigeante, redoublant de subtilité avec le temps, la série fait le pari que les téléspectateurs iront au-delà des apparences, pourtant flatteuses, pour saisir sa complexité humaine. « A l'heure où je vous parle, il y a encore beaucoup d'aspects de mon personnage que j'ignore, conclut Kevin Spacey. House of cards suit une vaste trajectoire. » ­

  • Eldorado à la demande
A l'origine, House of cards n'est pas une série télévisée. C'est une série en ligne, consultable en streaming, un objet fictionnel récemment identifié grâce au site américain de VOD Netflix. Finis les horaires de diffusion et l'attente entre deux épisodes, elle a été mise en ligne d'un coup : 13 épisodes à consommer à l'envi par les plus de 36 millions d'abonnés du site -- la célèbre chaîne câblée HBO (Les Soprano, Game of thrones, etc.) en compte 35 millions. Après David Fincher, les Wachowski (Matrix) y signeront leur première série, Sense8. Une quinzaine d'autres projets sont en préparation. Accessible en Europe du Nord mais pas encore en France (les rumeurs vont bon train), Netflix s'impose déjà comme un nouvel eldorado créatif. Surtout, ses séries, adaptées aux modes de consommation gloutons des « sériephiles », offrent une solide parade contre le piratage.

Entretien avec Kevin Spacey
Il incarne Frank Underwood, politicien humilié, Machiavel des temps modernes dans “House of Cards”, qui démarre sur Canal+. Une série passionnante, politiquement dérangeante et savamment écrite.


Kevin Spacey dans le rôle de Frank Underwood. © Sony Pictures Television

Discret au cinéma, impliqué dans la vie théâtrale londonienne, l’acteur est à l’origine du lancement de House of Cards, thriller politique produit et réalisé, pour ses premiers épisodes, par David Fincher. Il y incarne le machiavélique Francis « Frank » Underwood, représentant démocrate au parlement américain qui, après avoir vu le poste de Secrétaire d’Etat – l’équivalent du ministre des Affaires étrangères – lui passer sous le nez, va s’appliquer à ruiner la carrière de tous ceux qui l’ont trahi. Une série haut de gamme, non sans quelques défauts, mais superbement produite et interprétée. House of cards qui a marqué l’entrée fracassante du site de VOD américain Netflix dans l’univers des séries est diffusée par Canal+.

  • Comment voyez-vous Frank ? Est-ce le « méchant » de l’histoire ?
C’est un homme diabolique et délicieux, un personnage clairement inspiré par les héros shakespeariens, Richard III et le Iago d'Othello, mais je ne le vois pas comme un « méchant ». D’ailleurs, je ne sais pas jouer la méchanceté pure et dure, je ne sais pas limiter un personnage à une seule couleur. Je joue les nuances de l’écriture.

  • Vous avez joué, l'an passé, Richard III au théâtre dans une mise en scène de Sam Mendes qui insistait sur les confidences du personnage au public. De même dans House of Cards, où Frank nous parle en regardant la caméra…
Cet effet fait des spectateurs des co-conspirateurs. A chaque représentation de Richard III, j’ai vu le public s’avancer sur le bord des fauteuils, tendre l’oreille, et se régaler d’être mis dans la confidence, d’avoir le sentiment de partager un secret. Les choses sont un peu différentes avec House of Cards, car je n’ai plus personne à regarder dans les yeux, juste l’objectif d’une caméra. Du coup, j’ai opté pour le ton de celui qui fait une confidence à un ami, dans un recoin de bar, plus simplement, plus intimement.

  • Jouer Richard III vous a-t-il aidé à jouer un homme politique ici ?
Le metteur en scène Sam Mendes voulait un personnage théâtral, puissant, qui remplisse l’espace de sa présence. Frank Underwood est plus subtil, moins excessif. Ceci étant dit, j’espère que dix ans passés avec le Old Vic (théâtre londonien dont Kevin Spacey assure aussi la direction artistique depuis 2003, ndlr) ont fait de moi un meilleur acteur.

  • Les machinations de Frank sont-elles à vos yeux crédibles ?
Il n’est inspiré d’aucun politicien réel, mais des hommes comme Frank ont existé, et existent toujours. Lyndon Johnson, par exemple, qui a succédé à Kennedy à la Maison blanche, a la réputation d’avoir été un fieffé salopard, un homme sans pitié… mais il a fait bouger pas mal de choses en peu de temps. Et ce genre de politicien est de plus en plus souvent réhabilité aujourd’hui. L’enjeu moral de House of Cards est là : peut-on se ranger aux côtés de Frank, malgré son machiavélisme, parce qu’il fait avancer les choses ? Et plus globalement, faut-il que nos dirigeants soient des gens bien sous tous rapports mais qui ne font passer aucune loi, qui ne changent rien à rien – comme ça a été le cas ces dernières années aux Etats-Unis – ou des types à la moralité discutable, mais qui font bouger les choses ?

  • La relation qui unit Frank à sa femme Claire est très ambiguë. On ne sait pas où ils vont, ni qui domine l’autre…
C’est une des questions centrales de la série : qu’est-ce qui fait tenir leur relation, pourquoi sont-ils ensemble et où veulent-ils aller ? Ce sont deux personnes qui ont trouvé dans l’autre quelque chose dont ils ont besoin. Reste à mettre le doigt dessus.


Kevin Spacey et Robin Wright, Frank et Claire Underwood. © Sony Pictures Television

  • Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans la fabrication de cette première saison ?
J’ai l’impression d’avoir joué une partie d’échecs en treize temps, avec David Fincher et Beau Willimon (le scénariste en chef de House of Cards, ndlr). Francis a toujours plusieurs coups d’avance sur ses opposants, et ça a été un boulot terrible de s’assurer qu’on savait précisément où on allait, ce qui se passait, ce qui allait se passer. House of Cards est une série où une intrigue peut disparaître pendant neuf épisodes, et soudainement réapparaître. J’ai été ravi que Beau Willimon se charge du scénario, parce que c’est un dramaturge. Or, si vous écrivez des pièces de théâtre, vous avez une notion forte de comment structurer un récit. C’est tout le défi d’une série, trouver la bonne structure narrative, pour accrocher le téléspectateur et le tenir en haleine.

  • Comment avez-vous concrètement appliqué ça à House of Cards ?
On ne perd pas de temps à présenter les personnages. On est dans l’histoire, tout de suite, il se passe des paquets de trucs dès les premiers instants. Comme nous savions que nous produirions au moins vingt-six épisodes, nous avons choisi d’attaquer fort, de plonger dans l’intrigue, et de prendre le temps, plus tard, de renforcer les personnages, d’apprendre à mieux les connaître. D’ailleurs, à l’heure où je vous parle, il y a encore beaucoup de choses que j’ignore sur mon propre personnage… House of Cards est une vaste trajectoire. Nous avons le temps de la raconter.

  • Comment décrire le travail avec David Fincher ?
Sublime. C’est un perfectionniste. J’aime être poussé, défié. Il est connu pour faire des tonnes de prises, et j’ai enfin compris pourquoi : il vous force, à l’usure, à donner le meilleur de vous même. Il se débarrasse peu à peu de tout le superflu, de toute votre frime d’acteur. Il distille chacune des scènes pour arriver à la façon la plus pure, la plus simple, la plus économique possible de raconter une histoire. C’est un type qui a bossé dans tous les secteurs de la fabrication d’un film. Il sait donc exactement comment obtenir le meilleur de chacun des techniciens. Quand David Fincher est obsédé par quelque chose, ce qui en sort est bon. Et je peux vous dire qu’il est méchamment obsédé par House of Cards… Il n’a réalisé que les deux premiers épisodes, mais il reste notre « gourou ». D’un point de vue stylistique, personne ne s’est écarté d’un iota des règles qu’il a établies.


© Sony Pictures Television

  • Vous faites du théâtre, de la télévision, mais moins de cinéma. En avez-vous marre d’Hollywood ?
Ce n’est pas aussi simple. Dans les années 90, j’étais très ambitieux, je voulais me bâtir une carrière cinéma. En 1999, il y a eu American Beauty, qui m’a offert exactement ce que je voulais. Du coup, je me suis tourné vers autre chose, et j’ai consacré plus de temps au théâtre, une activité beaucoup moins individualiste. Il s’agit juste de ne pas avoir l’impression d’être coincé, de pouvoir varier les plaisirs.

  • La télévision s’inscrit dans ce même mouvement ?
Comme David Fincher, ce n’est pas la première fois qu’on me propose de faire une série. Jusqu’ici, on ne se sentait pas prêts. On était peut-être nerveux face aux codes et aux limites de la télé. Quand la série était en projet, Netflix a battu tout le monde aux enchères, nous a fait aveuglément confiance, ne nous a même pas demandé de faire un pilote, nous a commandé directement vingt-six épisodes… c’est dingue ! Du coup, on n’a pas pu refuser.

  • En proposant d’un coup les treize épisodes de cette première saison de House of Cards, Netflix semble vouloir s’adapter aux nouvelles façons de regarder des séries…
Si vous demandez à vos amis ce qu’ils ont fait le week-end dernier, ils vont vous répondre qu’ils ont vu trois saisons de Breaking Bad ou deux saisons de Game of Thrones. Les gens mangent des séries par paquets d’épisodes, ils sont accros, ils ont besoin d’aller au plus vite au terme des arcs narratifs… C’est un choix très intéressant qu’a fait Netflix. J’ai joué récemment dans Margin Call, qui a été mis en ligne en même temps que sa sortie sur les écrans. Et les résultats ont été probants. J’ai l’impression que le cinéma et la télévision ont compris ce que l’industrie de la musique n’a pas voulu comprendre, et peuvent encore s’adapter aux nouveaux modes de consommation avant qu’il ne soit trop tard.

  • Ce rôle vous a-t-il donné des envies de politique ?
Mon Dieu… Si vous ne devez savoir qu’une chose de moi, c’est que j’aime créer, avancer, être dans le concret. Pourquoi voudriez-vous que j’aille me fourrer en politique, le meilleur endroit au monde pour ne rien arriver à faire, ne pas avancer ? J’en sortirais complètement frustré.

Entretien avec Robin Wright
L'actrice incarne Claire, la mystérieuse et inflexible épouse de Frank Underwood, le héros de “House of Cards” qui démarre sur Canal +. Son inspiration : Lady MacBeth ou Pénélope dans “L'Odyssée”.


Robin Wright. © Netflix/Sony Pictures Television

  • Vous avez déjà tourné avec David Fincher, au cinéma dans The Girl with the Dragon Tattoo. Est-ce le même réalisateur à la télévision ?
Le même, mais en plus pressé, parce qu'il a moins de temps.

  • Alors il n'a pas le temps de faire cent prises par scène ?
Il en fait 98 (rires). Je ne suis pas sûre qu'il se remettra à la réalisation pour la saison 2, car ça a été un peu un choc pour lui de devoir aller plus vite. House of Cards reste à mon sens une série hautement « fincheresque ».

  • C'est-à-dire ?
Il a un sens du cadrage unique, que l'on fait étudier en école de mise en scène. Ce n'est pas une question d'objectif, ni une question de technique. Il veut sentir les personnages, leur pouls, leur rythme, leur façon de se déplacer dans l'espace. Pour Claire Underwood, il m'a demandé de bouger le moins possible. Je suis naturellement quelqu'un qui remue beaucoup. David m'a dit « assieds-toi derrière ce bureau, décroise les jambes, et ne bouge plus. » Cette simple indication m'a permis de comprendre le personnage : elle est presque un buste de marbre, une Lady MacBeth inflexible, figée, qui va peu à peu laisser une femme percer sous le marbre.

  • Vous parlez de cadre, mais le cadrage peut-il être le même à la télévision et au cinéma ?
Ce n'est pas tant une affaire de cadre pur, mais de comment on saisit le personnage, de la proximité que l'on parvient à créer, et la télévision est justement une affaire de proximité. C'est pour ça que les gens se glissent dans leurs lits, des heures durant, avec leur ordinateur sur les genoux.

  • Avez-vous vu la série originale britannique ?
Non, et je ne compte pas la voir. J'ai eu d'abord très peur de me sentir contrainte d'imiter le modèle, et puis on m'a dit qu'elle n'était pas si importante. De toute façon, je ne regarde pas la télé. Pas plus que je voulais en faire, d'ailleurs. Quand David m'a dit : « tu es au courant que c'est le futur ? », je lui ai dit « ouais, ouais, c'est ça. » Il m'a fallu du temps pour comprendre que j'allais avoir la chance de développer un personnage sur la durée, que je ne serais pas limitée à donner la réplique à Kevin Spacey.

  • Il y aura au moins 26 épisodes en deux saisons. Comment vivez-vous cette expérience sur la durée ?
C'est très spécial. On nous donne la possibilité de participer, de donner notre avis, de faire des propositions, de faire évoluer notre personnage. Nous avons une grande liberté d'improvisation, et nous sommes en contact permanent avec les scénaristes, qui sont sur le tournage. Il arrive souvent que nous ayons une idée, d'un coup, pendant une répétition. Eh bien, nous pouvons agir sur le scénario à ce moment-là. Il y a une profondeur de lecture unique pour nous, qui nous permet de saisir les sous-textes et les subtilités des personnages comme nulle part ailleurs.


  • Voyez-vous Claire comme une femme d'homme politique crédible ?
Je ne sais pas, et je pense qu'à moins d'être intime avec la femme d'Al Gore ou celle de Bill Clinton, on peut difficilement prétendre savoir à quoi ressemble leur vie. Tout ce qu'on sait, c'est ce que les médias nous laissent voir... et c'est souvent mensonger. Je n'ai donc pas voulu m'inspirer de ce que je voyais, mais plutôt de personnages fictifs : Lady MacBeth ou Pénélope dans l'Odyssée.


  • On vous a beaucoup vu dans des rôles de femmes trompées, loin de celui de Claire. Ça vous change, non ?
C'est comme ça que ça se passe à Hollywood. On ne m'a jamais proposé de comédie, pas plus qu'on a proposé des rôles dramatiques à Meg Ryan. Si le public vous aime dans un type de rôle, que le box-office suit, vous en sortirez difficilement. Il faut un réalisateur qui vous fasse confiance, et prenne un risque.


Francis Underwood (Kevin Spacey), Claire Underwood (Robin Wright) et Doug Stamper (Michael Kelly), House of cards. © Netflix/Sony Pictures Television

  • Frank est maléfique, mais séduisant. Comment expliquez-vous cette dualité ?
L'art de la guerre est un art. Pour atteindre le sommet du pouvoir, il faut être incroyablement méticuleux. Il faut analyser le moindre de ses rouages, et savoir se faire craindre. Je ne crois pas que Frank soit « séduisant » au sens charmant du terme, il est plutôt calculateur, manipulateur, et du coup, passe pour séduisant.

  • Pensez-vous que la série porte un regard cynique sur la politique, ou qu'elle est au contraire réaliste ?
Je ne sais pas si les personnages sont crédibles, mais le fonctionnement de la machine politique l'est certainement : les sacrifices, les concessions, les médiations, les souffrances, tout ce qu'il faut endurer pour simplement faire voter une loi.

  • Les fictions risquées ont longtemps été produites par les chaînes câblées. House of cards a été produite par Netflix et directement mise en ligne. Internet serait-il le nouvel El Dorado ?
Sans doute. Ça risque de devenir le meilleur endroit où aller pour les comédiens. Peu importe la taille du rôle. Ce que l'on demande, c'est un rôle intéressant, différent, pas un gros rôle. Et les séries comme House of Cards offrent cette opportunité. De toute façon, au cinéma, il n'y a plus que Ironman, Batman et tout ce qui finit par « man » pour faire de l'argent. Le cinéma ne fait plus que du divertissement. Le cœur du drame bat à la télé.


Propos recueillis par Pierre Langlais
Source telerama.fr

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