vendredi 12 avril 2013

Billets-Bravo Mediapart !



Bravo Mediapart !

Une élite politique qui se croit au-dessus de tout.
En France, l'homme ou la femme politique incarne le héros tout-puissant de la nation. Un rapport au pouvoir malsain qui favorise des dérives aussi graves que l'affaire Cahuzac, écrit Le Temps.

La "République exemplaire", que le candidat Hollande martelait pour mieux se démarquer de son prédécesseur, aura été bien éphémère. Le gouvernement qui fait la morale au monde entier sur l’argent, promet les foudres bibliques aux paradis fiscaux et soupçonne la moralité des plus riches, est discrédité par le comportement honteux et vil de l’un des siens. Peut-être saura-t-on un jour toute la vérité sur les responsabilités de chacun, les manquements et éventuelles compromissions.

Ce temps de l’enquête est arrivé. Il appartient à la justice et à ses responsables politiques d’en tirer toutes les leçons et conséquences. Cela commence plutôt mal. Le premier réflexe de François Hollande a été d’appeler à de nouvelles lois et exigences en matière de transparence, comme si les "affaires" naissaient de l’absence d’interdictions, oubliant que la soustraction fiscale est endémique dans un Etat qui maltraite ses contribuables depuis des décennies! En vérité, le comportement de Jérôme Cahuzac, ses dénégations durant quatre longs mois, sont les symptômes d’une forme d’impunité qu’une élite politique toute-puissante s’octroie, faute de contre-pouvoirs efficaces et à l’abri de la surveillance d’une opposition contrainte de jouer les figurants fâchés et caricaturaux dans l’exercice du pouvoir.

En France, plus qu’ailleurs, l’homme ou la femme politique incarne le héros de la nation au-dessus de tous, celui vers qui l’on se tourne ou que l’on fustige chaque fois que l’actualité hoquette. Ce rapport au pouvoir est malsain et favorise les dérives que les démocraties plus modestes des systèmes décentralisés et fédéraux parviennent mieux à contrecarrer. Mediapart a rendu un service utile, là où tous les autres ont échoué. Bravo!

Et, petite ironie, le comportement des autorités suisses aura permis de débusquer une escroquerie fiscale alors que son auteur avait pris la précaution de s’évader à Singapour, craignant sans doute que les nouvelles directives de l’OCDE sur la fraude fiscale, imposées à la Suisse en 2009 sur l’insistance féroce d’un certain Nicolas Sarkozy au G20, ne permettent tôt ou tard de révéler le butin du crime. L’histoire est décidément cruelle.
  
Source Courrier International

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