jeudi 1 août 2019

Infos santé : Sport et Santé-Trop d’entorses chez les sportives



Trop d’entorses chez les sportives

Les études montrent que les femmes font 5 fois plus d’entorses que les hommes. On commence à comprendre pourquoi ! Les stratégies préventives en résultant sont désormais plus efficaces !

Par le docteur Nicolas LEFEVRE, chirurgien du sport.

Une entorse, c’est la distension voir la rupture d’un ligament, cette cordelette reliant deux os au niveau des articulations. Le plus célèbre est le ligament croisé antérieur. Il limite les mouvements du genou. Il peut se déchirer lors des rotations ou des bascules de cette articulation placée au voisinage de l’extension. Sa rupture impose souvent une intervention chirurgicale et une rééducation de plusieurs mois. Même bien opéré, ce genou a 10 fois plus de chance de faire de l’arthrose que son voisin ! Voilà pourquoi, le ligament croisé antérieur est souvent pris en exemple par les scientifiques !

  • Des tissus trop souples.
Les ligaments féminins se laissent distendre plus aisément, on parle de laxité. Il est probable que l’évolution ait sélectionné cette caractéristique tissulaire afin de favoriser l’ouverture du bassin lors de l’accouchement. SCOVILLE a mis en évidence que les individus les individus hyperlaxes faisaient 3 fois plus d’entorse du ligament croisé antérieur. Il est peu probable que ce ligament très souple soit plus fragile … au contraire, il se laisse distendre plus longtemps avant de se rompre. En revanche, la membrane entourant l’articulation est si flexible qu’elle laisse trop facilement partir le genou en forte extension et en bascule ! Dans cette position le ligament croisé est très tendu, une simple rotation suffit à le rompre. Les enveloppes musculaires sont, elles aussi, trop souples. Les muscles sont insuffisamment mis en tension pour contrôler la posture articulaire.

  • Des muscles moins forts et mal coordonnés.
Pour stabiliser les articulations, il faut des muscles forts, endurants et vigilants. Les hormones féminines sont bien moins efficaces que la testostérone masculine pour faire du muscle. Habituellement, les femmes se réceptionnent au voisinage de l’extension de genou … dans une position risquée pour le ligament  croisé. Par manque de force, le blocage articulaire remplace le freinage musculaire. Il faudrait plus de flexion pour que les ischiojambiers situées à l’arrière de la cuisse, parviennent à tirer le tibia vers l’arrière et détendre le croisé.  Les enregistrements électriques des contractions musculaires montrent que les femmes sollicitent trop leurs quadriceps et insuffisamment leurs ischiojambiers en réception de saut. Le tibia est tracté vers l’avant, le croisé est tendu … en position de prérupture !

  • Une anatomie spécifique
Les jambes en X, plus typiquement féminines, se révèlent dangereuse pour le croisé. Le couloir osseux dans lequel il se situe est plus étroit. Lors des rotations et des bascules, il vient plus rapidement se tordre sur les berges de ce canal. Le croisé féminin est également plus fin. Il se rompt pour une tension inférieure. Les longues jambes sans muscles des mannequins se cognant les genoux sur les podiums des défilés … sont à haut risque de rupture du croisé !  Finalement, il y a une justice !

  • Encore les hormones !
Le cycle féminin intervient dans la rupture du croisé. Il y a trois plus de risque de faire une entorse grave du genou  dans les jours qui précèdent l’ovulation. Durant cette phase, l’œstrogène, l’une des hormones féminines, vient assouplir les ligaments et augmenter la laxité. En plus des dates de vacances scolaires et des promotions des voyagistes, voilà un paramètre supplémentaire à prendre en compte avant de choisir les dates de votre prochain séjour au ski ! Les études concernant l’intérêt préventif de la pilule sont divergentes. Il est probable que les minidosées plus récentes soient moins efficaces.


  • Sensibilisation et modification technique !
Henning a proposé à des basketteuses de 1ère division américaine de décélérer sur 3 pas au lieu de s’arrêter brutalement. Il leur a demandé de tourner sur des trajectoires  arrondies en remplacement des pivots. Les blessures ont diminuée de 89%. Il faut être sensibilisé au problème et avoir compris les mouvements dangereux. Quatre mille moniteurs de ski ayant visionné une vidéo montrant dix accidents typiques ont diminué de 62 % leur taux de rupture du croisé au cours de la saison suivante ! Alors, souvenez vous de l’essentiel ! Evitez de vous réceptionner genou tendu, en bascule vers l’autre genou !

  • Coordination et renforcement !
A chaque saut, amortissez et stabilisez la reprise d’appui en fléchissant le genou et restant dans l’axe ! Pliez aussi le buste vers l’avant pour tendre les ischiojambiers. Sur le terrain, faites des  parcours entre plots et cerceaux. Renforcez vos muscles. Mieux encore ! Apprenez à vous arrêter ou à changer de direction en prenant un «double appui». En équilibre simultanément sur le pied droit et sur le pied gauche. Vos articulations seront plus stables ; vous êtes plus aptes à modifier votre trajectoire si votre adversaire vous assenait une nouvelle feinte.   En salle, utilisez les squats ou la presse, dossier à 45°, ainsi que les machines à ischiojambiers. A domicile, réalisez des flexions sur une jambe, le pied posé sur un coussin ou un matelas. Pour travailler les ischiojambiers, allongez-vous sur le sol, pliez un peu les genoux, posez vos talons sur une chaise ou sur un gros ballon et montez le bassin. Matelas et ballon sont des astuces particulièrement utiles car trop de musculation en position de stabilité fige votre coordination et altère votre aptitude à réagir au déséquilibre. Limitez les assouplissements, les femmes sont déjà très laxes ! Évitez les étirements en position statique à l’échauffement, ils diminuent l’élasticité musculaire protectrice et inhibent les réflexes de contraction contrôlant la position articulaire.


 Source SantéSportMag

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