jeudi 6 décembre 2012

Infos santé-Levure de riz rouge… vigilance !


Levure de riz rouge… vigilance !

Les traitements réputés naturels ont de plus en plus la faveur des patients. Le problème c’est que ce qui est dit sur le flacon n’est pas toujours exact comme le montre l’analyse d’une douzaine de produits hypocholestérolémiants à base de levure de riz rouge.

On l’appelle Hong Chu ou Hong Qu ou Honqu, les botanistes parlent, eux de monascus purpureus.
Il s’agit d’une levure qui pousse sur le riz rouge et dont les vertus médicinales sont connues depuis de nombreuses lunes.

Cette levure contient des monacolines, quatorze pour être précis. Structures chimiques de la famille des polyketides.
L’une de ces monacolines, la monacoline K est connue sous le nom de lovastatine. Elle a été commercialisée comme médicament à visée hypolipémiante, c’est-à-dire pour abaisser le taux de cholestérol dans le sang. Elle agit, en effet, sur une enzyme présente dans le foie, l’HMG-CoA réductase, limitant ainsi la synthèse de cholestérol par le foie.

Les autres monacolines ont probablement aussi des effets hypolipémiants.
Ces vertus, et la présence ‘naturelle’ de lovastatine ont rendu très populaire la consommation de levure de riz rouge, aux Etats-Unis d’abord, puis dans de nombreux pays.

Mais le problème des compléments alimentaires c’est que ce ne sont pas des médicaments. Je veux dire ainsi qu’il s ne subissent pas la même réglementation que ces derniers en termes de bonne pratique de fabrication et que les contrôles sont plutôt limités.

Preuve en est avec l’étude publiée cette semaine dans la revue américaine ‘Archives of Internal Medicine’ par des cardiologues de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie.

Pendant deux ans, d’août 2006 à juillet 2008, ils se sont procurés douze marques différentes de compléments alimentaires à base de levure de riz rouge. Sur toutes ces boites il était mentionné ‘600mg de produit actif par capsule’.

Ces gélules ont été analysées par une méthode très sophistiquée, comme celle que l’on voit dans ‘Les Experts’. Et le résultat a de quoi au mieux surprendre, au pire d’inquiéter.

Les auteurs ont en effet constaté des variations énormes dans la teneur en produits actifs des diverses préparations.

Ainsi la composition en monacolines totales allait de 0,31 à 11,15mg par capsule, selon les marques.
Quand on s’intéressait à la monacoline K, la fameuse lovastatine, les doses allaient de 0,10 à 10,09 mg et pour la monacoline KA  de 0,00 à 2,30 mg par capsule.

Mais le plus ennuyeux c’est que dans 4 des 12 échantillons, on a retrouvé également de la citrinine. Il s’agit d’une toxine produite par des moisissures, ce qu’on appelle une mycotoxine, qui, chez l’animal, a des effets toxiques sur le rein.

Cette présence de toxines néphrotoxiques a été à l’origine de sérieux accidents par le passé, notamment en Belgique chez des jeunes femmes qui avaient consommé des préparations à base d’herbes chinoises dans le cadre de régimes amaigrissants.

On voit donc que ‘naturel’ ne rime pas obligatoirement avec ‘efficace’ quand de telles variations sont possibles.

L’étiquetage des compléments alimentaire est un vrai problème car il n’a pas la précision de ce qui est demandé au médicament.
Et les compositions peuvent être aussi parfois farfelues.

Il parait donc raisonnable, en cas de prise de tels produits, d’en informer au moins son médecin traitant afin qu’il jette un œil sur la composition du produit.
Cela peut éviter également de se retrouver avec des interférences médicamenteuses, certains de ces produits naturels ne faisant pas bon ménage avec des molécules prescrites par le médecin.

Référence de l’étude :

Ram Y. Gordon et al.
Marked Variability of Monacolin Levels in Commercial Red Yeast Rice Products
Buyer Beware!
Arch Intern Med. 2010;170(19):1722-1727


            Source docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)

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