jeudi 15 novembre 2012

Infos santé-Vitamines et cancer


Vitamines et cancer

L’utilisation de comprimés  contenant des multivitamines est très répandue aux Etats- Unis.  Cette mode pourrait avoir un très léger effet bénéfique dans la prévention de la survenue de cancers si on en croit une nouvelle étude faite sur des médecins pendant plus de dix ans.

 Jusqu’à présent, aucune étude et aucune recommandation officielle n’ont permis de dire que la prise de pilules multivitaminées permettait de réduire le risque de survenue d’un cancer. Pourtant le rituel du petit-déjeuner américain, mais aussi chez certaines personnes en Europe, est d’ingurgiter ces comprimés riches en vitamines du groupe B, de la vitamine C, E, PP etc.

Par le passé, des études épidémiologiques avaient même montré, paradoxalement, que des doses trop élevées de vitamine E pouvaient favoriser des hémorragies.
Une nouvelle pièce est à verser au dossier depuis le mercredi 17 octobre 2012 avec la parution en ligne et en accès libre d’un article de la publication de l’étude randomisée  en double insu de complexes vitaminiques versus placebo dans le ‘JAMA’.
Cette étude, appelée Physicians’ Health Study II (PHS II) a été menée par les chercheurs de Harvard qui ont suivi  pendant 11 ans  des médecins de sexe masculin.
Ces médecins recevaient soit un placebo soit des complexes multivitaminiques composés de :
Vitamine C : 500 mg d’acide ascorbique
Vitamine E : 400UI d’alpha-tocophérol
Beta-carotène : 50 mg
Ces produits étaient donnés au début de la première étude sur les médecins  avec, en plus de l’aspirine, afin d’étudier les effets de cette supplémentation sur le risque de maladies cardiovasculaires, d’affections rétiniennes, de déclin cognitif et de prévention du risque de cancer.
Le beta–carotène a été interrompu en 2003 et les médecins inclus dans PHS II ont donc pris un jour sur deux de la vitamine C et E ou un placebo.

Ce sont donc 14641 médecins qui sont entrés dans l’étude, 1371 recevant les vitamines et 7324 le placebo. L’âge moyen était de 64,3 ans (± 9,2 ans)
Dans chacun des groupes, 9% des volontaires étaient concernés par un cancer autre qu’une tumeur de la peau autre qu’un mélanome.
Pour l’analyse finale, seuls les nouveaux cancers étaient pris en compte.
Après 11 ans de suivi il y a eu 2669 cas de cancers constatés, dont 1373 tumeurs prostatiques et 210 localisations au colon.
Durant le suivi il y a eu 2757 décès dont 859  liés à un cancer.
Quand on regarde les chiffres des résultats on constate  que la prise de multivitamines a permis une très modeste réduction du risque de survenue d’un cancer, mais statistiquement significative néanmoins.

Pour les habitués des essais cliniques les données statistiques sont les suivantes :
HR : 0 ; 92  ( IC95% :0,86-0,998. p=0,04).

Pour celles et ceux moins familiers avec ce jargon, le risque de cancer est réduit de 8 % chez ceux qui prenaient les multivitamines. Mais le résultat est assez ‘fragile’ et il n’aurait pas fallu grand-chose pour que la conclusion soit une absence d’effet significatif.

Que montrent les analyses plus poussées ?
La prise de ces vitamines n’a pas abaissé  la survenue d’un type particulier de cancers mais a joué  sur le nombre total de cancers.
Elles montrent que ceux qui ont le plus bénéficié de cette supplémentation sont ceux qui avaient déjà un cancer à l’entrée dans l’étude et pour lesquels ces complexes vitaminiques ont réduit le risque d’un nouveau cancer.
C’est ce qu’on dénomme une prévention secondaire
Faut-il alors se jeter sur les complexes vitaminiques quand on est un homme d’âge moyen, voire proche de la soixantaine. Rien, à ce jour, ne justifiait ce choix.
Cette étude peut évidemment amener à revoir la position mais, répétons-le, le bénéfice est surtout en terme de prévention secondaire et non primaire.
De plus, l’étude ne montre aucun effet protecteur sur la survenue du cancer de la prostate, la tumeur la plus fréquemment diagnostiquée dans cette étude.
Et cette prise de vitamines n’a pas été sans désagrément : démangeaisons, saignements minimes.
La question reste donc ouverte. Les doses utilisées dans cette étude sont des doses  assez élevées, puisqu’il s’agit de 500 mg de vitamine C et 270 mg environ de vitamine E (400 UI, un mg=2/3 d’UI)
A ces dosages on recherche un effet antioxydant bien supérieur aux doses nutritionnelles nécessaires qui sont de 110 mg environ pour la vitamine C et de 70 UI pour la vitamine E.
Les dosages de l’étude ne doivent surtout pas être dépassés. Les surcharges vitaminiques n’ont rien d’anodin. Il y a eu des hémorragies cérébrales liées à de hautes doses de vitamine E.
Il semble donc que l’effet modeste ne permette pas de conclure définitivement, sauf, peut-être chez les hommes ayant déjà eu un cancer et pour lesquels cette supplémentation peut avoir un léger bénéfice en prévention d’une récidive ou de l’apparition d’une autre tumeur.

Référence de l’étude:

J. Michael Gaziano et al
Multivitamins in the Prevention of Cancer in Men
The Physicians’ Health Study II Randomized Controlled Trial
JAMA. 2012;():1-10. doi:10.1001/jama.2012.14641

 Source docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)

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