mercredi 5 avril 2017

Infos santé-Cellules souches cardiaques


        Insuffisance cardiaque après l'infarctus
    Le rôle des cellules souches cardiaques
 
La longue quête pour réparer les dégâts causes par un infarctus du myocarde sur le fonctionnement de la pompe cardiaque vient, peut-être de connaitre un tournant. Et cela grâce aux propres cellules souches des patients.

Imaginez qu’un organe soit livré avec un kit de réparation, une sorte de trousse de secours. C’est ce qui semble se passer au niveau du cœur, où une structure, l’appendice atrial, situé dans chacune des oreillettes, contient de précieuses cellules.

Ces cellules ont toutes les caractéristiques de cellules souches et peuvent se transformer en divers tissus utiles à la reconstruction du muscle cardiaque et de ses vaisseaux. Le paradoxe c’est que, jusqu’à présent, on n’avait jamais étudié sur l’être humain les possibilités de ces cellules souches cardiaques, ou CSC.

Réparer le cœur après un infarctus est pour tant un défi que de nombreuses équipes tentent de relever à travers le monde. On a tenté de le faire à partir de cellules appelées myoblastes et prélevées sur des muscles de cuisse.
On a aussi utilisé des cellules extraites de la moelle osseuse et porteuses de certaines caractéristiques biologiques. On travaille beaucoup en ce moment sur des modèles faisant appel aux cellules souches embryonnaires.

Cette frénésie de recherches est liée au fait que les séquelles d’infarctus sont parfois très sévères. La destruction du tissu myocardique en aval de la lésion de l’artère coronaire nourricière du tissu provoque, en effet, une destruction du muscle, un ‘infarcissement’. Peu à peu le tissu actif va être remplacé par un tissu fibreux dénué de toute faculté de se contracter.

Le résultat c’est un cœur affaibli et un ventricule gauche qui va éjecter beaucoup moins de sang oxygéné vers les divers organes. Ainsi, une insuffisance cardiaque se met peu à peu en place qui va s’aggraver avec le temps, provoquer notamment des œdèmes aigus du poumon, des hospitalisations, un essoufflement, bref une altération très importante de la qualité de vie

Même si on a aujourd’hui des moyens médicamenteux et des stimulateurs capables de prendre plus ou moins en charge l’insuffisance cardiaque, l’idéal c’est donc d’essayer de réparer les dégâts de l’infarctus le plus largement possible.

Des équipes américaines de Louisville et de Boston sont donc allées à la pèche de ces CSC. Les patients chez lesquels les cellules ont été récoltées avaient fait un infarctus du myocarde (IDM) avaient eu un pontage coronarien pour remplacer le segment d’artère malade et avaient moins de 75 ans.

Mais, surtout, ils avaient un ventricule gauche défaillant. Normalement, la capacité du cœur à se contracter est mesurée par la fraction d’éjection ventriculaire ou FEV. C’est surtout celle du ventricule gauche qu’on utilise.
Elle varie de 55 % à 75 %  environ.

Dans l’insuffisance cardiaque ce n’est pas la même chose ! Ainsi les patients inclus dans l’étude avaient une FEV gauche inférieure ou égale à 40 %.
L’étude, baptisée SCIPIO, qui est toujours en cours, a inclus 23 patients. Seize ont reçu les CSC et sept le traitement habituel.

Pour les 16 patients, on a injecté un million de CSC dans leurs artères coronaires en montant un cathéter par l’artère fémorale. L’intervention s’est déroulée 113 jours après l’IDM.

Rappelons qu’il s’agissait d’une étude dite de ‘phase 1’, c’est-à-dire sans but thérapeutique a priori mais destinée à mesurer la tolérance et la faisabilité de la méthode.

Mais les médecins ont eu la bonne surprise de découvrir que les cellules injectées avaient bien joué leur rôle.

Maçonnerie et électricité

On a constaté tout d’abord au bout de quelques mois une amélioration de la fonction du ventricule gauche, avec une FEV qui est passée de 30,3 % à 38,5 % chez 14 des 16 patients traités par CSC.

Chez sept de ces patients, l’examen IRM a même permis de voir une diminution de la taille de la zone détruite de près de 30 % en un an.

Les cellules souches ont donc acquis une double potentialité : repeupler une partie de la zone détruite et posséder les bons’ branchements’ qui ont permis une activité de contraction correcte.

Ce qu’on peut résumer en un double succès de réparation en ‘maçonnerie et électricité’ !

A-t-on trouvé les cellules souches enfin magiques ? Certainement pas. L’étude est de bien trop petite taille, 23 patients seulement, pour en tirer des conclusions définitives.

Il va falloir conduire des études à beaucoup plus grande échelle et mesurer sur plus d’un an le devenir de ces cellules transplantées.

Mais la piste semble séduisante. Elle est assez peu agressive, se fait 6 mois après l’accident initial, avec des cellules souches autologues, c’est-à-dire venues du patient, donc sans rejet envisageable et sans transformation par des facteurs de croissance potentiellement dangereux.

L’étude SCIPIO rappelle le nom de Scipion Africanus, Scipion l’Africain, l’homme qui vainquit Hannibal et finit par donner raison à Caton qui voulait qu’on détruisit Carthage. ‘Carthago delenda est’  se rappeleront les amoureux du Gaffiot)

 On peut imaginer que SCIPIO permette de vaincre à son tour les dégâts de l’IDM, pas complètement certes, mais suffisamment pour permettre aux patients de recouvrer une certaine qualité de vie.
La réponse dans quelques années.

Référence de l’étude et de l’éditorial :

Roberto Bolli et al.
Cardiac stem cells in patients with ischaemic cardiomyopathy (SCIPIO): initial results of a randomised phase 1 trial
The Lancet 14 November 2011
DOI: 10.1016/S0140-6736(11)61590-0


Gerd Heusch
SCIPIO brings new momentum to cardiac cell therapy
The Lancet 14 November 2011
DOI: 10.1016/S0140-6736(11)61648-6


        Source docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)

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