dimanche 26 février 2012

Billets-Entretien avec Ai Weiwei

Entretien avec Ai Weiwei, l'artiste qui fait trembler la Chine

Artiste protéiforme et blogueur “subversif”, emprisonné de multiples fois, Ai Weiwei est un symbole de la liberté d'expression en Chine. Le Jeu de paume, à Paris, le met à l'honneur.

Ai Weiwei dans son atelier devant une de ses sculptures : De Divine Proportione inspirée par un dessin de Leonard de Vinci. Photo : DR.

Une nuée de chats. Autant d'assistants. Mais pas de Ai Weiwei. En ce matin glacial du 7 février 2012, au nord-est de Pékin, alors que le soleil commence à caresser l'atelier de briques grises, si emblématiques de ses constructions, l'artiste, âgé de 54 ans, a – comme souvent – été cueilli par la police pour une convocation inopinée, et relâché deux heures plus tard. Voilà maintenant plus de trois ans que les autorités chinoises tentent, par tous les moyens, de le museler. Mais sans que la censure soit jamais explicitement évoquée. « Ce que tu fais n'est pas bien… », se contentent de lui dire laconiquement les policiers après l'avoir filé, enfermé, voire passé à tabac. Jusqu'à l'arrêter le 3 avril dernier et le garder au secret quatre-vingt-un jours durant. Au final pourtant, c'est le contraire qui s'est produit : en Chine comme en Occident, on n'a jamais autant parlé de Ai Weiwei.

Même si ceux qui connaissent le travail de ce plasticien, dont les photos et les vidéos sont exposées pour la première fois en France, à Paris, restent rares. L'occasion de découvrir un artiste hors norme, passant avec une aisance confondante de la peinture à la photo, du design à l'architecture, faisant de son blog, de Twitter ou de ses investigations sur Internet une discipline artistique à part entière. Son œuvre, commencée à New York à l'aube des années 80, sous forme de journal intime en image, sonde la Chine d'aujourd'hui. Elle se fait parfois spectaculaire. Comme à la Tate Modern, à Londres, en 2010, lorsque Ai Weiwei tapisse le sol de cent millions de graines de tournesol en céramique peintes à la main. Fabriquées par les artisans de Jingdezhen, elles font référence au peuple dont on disait qu'il se tournait vers Mao comme vers le soleil. L'exposition parisienne, elle, se concentre sur l'œuvre documentaire. Elle donne à voir les photos des immeubles sans âme qui poussent aujourd'hui comme des champignons en Chine pour remplacer les hutongs d'antan. Ai Weiwei montre aussi ses images du tremblement de terre du Sichuan (12 mai 2008). Il s'était acharné à recueillir le nom de tous les enfants ensevelis sous les gravats de leur école dont les normes sismiques n'avaient pas été respectées par une administration corrompue. L'enquête de trop aux yeux des autorités…

Comment allez-vous ?
C'est difficile à dire. Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai été arrêté en 2011 puisqu'il n'y a eu aucun mandat émis à mon encontre, ni accusation formalisée. Pendant ma détention, la police m'a bien expliqué que j'étais là pour subversion envers l'Etat, mais on m'a interdit d'en parler à l'extérieur. Et pour justifier mon arrestation aux yeux de l'Occident, on m'a collé une amende de 15 millions de yuans (1,8 million d'euros) à payer au fisc. Comme je n'ai pas cet argent, il a fallu l'emprunter. En une semaine, la générosité et le soutien des gens ont été tels que j'ai pu réunir 9 millions de yuans (environ un million d'euros). Du jamais vu ! Cette somme, donnée aux impôts, m'a permis de demander un réexamen de mon cas, ce qui m'aurait été impossible autrement. Les gens pauvres, accusés comme moi à tort, n'ont aucun moyen de se défendre. J'attends donc toujours qu'on m'explique ce qui se passe. J'aimerais savoir ce que le pouvoir a en tête. Pourquoi se comporte-t-il comme ça ? Est-ce parce que ça le rend plus fort ? Ou est-ce parce qu'il a perdu tout rationalisme ? En voulant me mettre au secret, il m'a fait connaître. Je suis devenu le symbole de la lutte contre le pouvoir. Un homme qui réclame juste le droit à la transparence. Cela fait soixante ans que nous subissons l'absurdité de ce système.

Qu'est-ce qui est le plus difficile, pour vous, au quotidien ?
Je n'ai pas le droit de quitter Pékin et je ne peux plus voyager à l'étranger. Franchement, je ne m'en sors pas si mal. Si l'on m'avait interdit l'accès à Internet et à Twitter, cela aurait été beaucoup plus dur. Mais je peux encore me servir de mon ordinateur et j'arrive à surmonter les barrières mises pour accéder à Facebook, Twitter ou Google. On m'a fait comprendre que je ne devais pas critiquer le gouvernement, alors j'en dis moins qu'avant. Ça me paraît plus raisonnable que d'être arrêté, mis au secret, voire carrément de disparaître.

Le profil de Duchamp avec des graines de tournesol. 1983. Photo : Weiwei.

Votre père, le poète Ai Qing (1910-1996), avait lui-même été arrêté et déporté. N'avez-vous pas l'impression que l'histoire se répète ?
En 1929, mon père, alors étudiant en art, est allé à Paris. Il y est resté trois ans, et je crois qu'il y a vécu ses plus belles années. Il n'avait pas un sou mais m'a dit n'avoir jamais été aussi libre. A son retour, le Kuomintang [parti nationaliste chinois au pouvoir de 1928 à 1949, ndlr] l'a arrêté, pour les mêmes raisons que moi. A sa sortie, il s'est rapproché des communistes et a embrassé leur combat. Pourtant, dès 1949, catalogué « droitier », il faisait les frais des premières purges et était déporté. Moi j'ai grandi dans le Xinjiang, pendant la révolution culturelle, qui a démarré en 1966. Mon père y avait été condamné à nettoyer les toilettes publiques. Elles étaient dans un état terrifiant de saleté. Mais lui s'est attaché à en laver chaque recoin, jusqu'à faire briller les lieux. Lorsque la police m'a interpellé l'année dernière, qu'elle m'a jeté une couverture sur la tête, poussé dans une voiture, menotté à une chaise pendant des heures, j'ai repensé à lui, arrêté quatre-vingts ans plus tôt pour avoir réclamé ce droit fondamental qu'est la liberté d'expression. Et j'ai eu le sentiment que l'aventure dans laquelle je suis embarqué aujourd'hui a commencé voilà cinquante ans.

Que vous reste-t-il de ces années d'enfance ?
Notre famille était séparée du reste de la société chinoise. Quel que soit l'effort que nous faisions, nous étions perçus comme différents. Comme ceux qui avaient conspiré contre le gouvernement. Ça nous a donné le sentiment d'être uniques. Reste que dans ces années-là, j'ai été le témoin de la pire inhumanité. Chacun essayait de prendre avantage sur l'autre pour survivre. Il y avait cette volonté de contrôler les esprits par la propagande. Même pour acheter à manger, il fallait réciter un slogan révolutionnaire. Cela n'a pas seulement bousillé des familles, mais affecté la nation tout entière. Comment voulez-vous qu'ensuite on puisse croire en son pays ? On voit des espions partout. On ne peut plus faire confiance aux siens, encore moins à ses copains de classe, voire à ses propres sentiments.

Comment êtes-vous venu à l'art ?
Petit à petit. Même dans les périodes les plus difficiles, mon père trouvait la force de nous raconter des histoires de sa vie à Paris. Il nous parlait d'impressionnisme, de cubisme, des poètes qu'il avait découverts, comme Rimbaud ou Baudelaire. Mais pour rien au monde, il n'aurait voulu que je devienne artiste. C'était trop dangereux. Il me rêvait une vie ordinaire d'ouvrier ou de fermier. Sauf que je voulais fuir la situation politique dans laquelle se trouvait mon pays. Et le meilleur moyen pour y parvenir, c'était de se réfugier dans l'art. S'absorber dans les formes, les motifs, les couleurs permet de s'échapper du quotidien. J'ai intégré l'Académie de cinéma de Pékin, mais l'enseignement – bien trop académique – qui y était dispensé ne me convenait pas. Et je ne voulais plus rester en Chine. Trop de gens avaient été arrêtés et condamnés. Alors j'ai profité du départ de ma petite amie pour Philadelphie afin de l'accompagner et m'établir ensuite à New York. Etudiant à la Parsons School of design, je me suis intéressé à Marcel Duchamp. Pour lui, ce n'est pas la beauté d'une œuvre qui compte mais l'idée qui la sous-tend. Son concept. En cela, Duchamp est mon mentor.

Lorsque vous vous embarquez pour l'Amérique, vous quittez un pays où l'individu est nié pour La Mecque de l'individualisme. Comment l'avez-vous vécu ?
En Chine, chaque phrase prononcée en dehors du groupe est examinée à la loupe. L'individualisme met en danger ceux qui le pratiquent. Aux Etats-Unis, j'ai découvert un autre combat. Tout aussi violent. Comme beaucoup d'artistes, j'habitais le Village. Il s'y passait alors quelque chose d'extraordinaire avec l'émergence du street art, des graffitis, et l'ouverture de galeries dans le quartier. Mais c'était aussi une jungle dans laquelle il fallait survivre. L'individualisme y était encouragé à l'extrême. Pour un artiste, cela implique d'être impérativement reconnu par le monde de l'art. C'était, pour moi, une pression trop forte. En fait, tout cela n'a fait qu'exacerber mon besoin d'indépendance. Par contre, je me reconnais totalement en Sartre lorsqu'il affirme, dans L'existentialisme est un humanisme, l'absolue liberté de l'homme.

Vous revenez à Pékin au chevet de votre père en 1993. A quoi ressemblait la scène artistique locale ?
Elle était inexistante. Oui, il y avait des œuvres dans la mouvance de ce qu'on a appelé la peinture pop politique chinoise. Mais c'était clairement réalisé pour plaire aux voyageurs occidentaux. Il n'y avait dans ces toiles, parfois charmantes, aucun contenu. C'en était risible. Comme je m'ennuyais à mourir, j'ai pensé demander à des artistes d'avant-garde comme Xu Bing et Zeng Xiaojun d'écrire ce qu'ils avaient en tête, de mettre à plat leurs concepts. J'ai recueilli l'ensemble et j'en ai fait un livre, de manière à véhiculer leurs idées. Plus tard, en 1997, nous avons inauguré le premier centre d'art contemporain, le China Art Archive and warehouse (CAAW), pour montrer comment les œuvres devraient être exposées. Il faut savoir qu'il n'y avait pas de galeries en Chine avant. En 2000, à Shanghai, nous avons loué un entrepôt et présenté une exposition baptisée « Fuck off » en parallèle de la biennale qui s'y tenait.

Comment les autorités ont-elles réagi ?
Nous n'aurions jamais pu faire « Fuck off » à Pékin. Comme il n'y avait aucune activité culturelle à Shanghai, les autorités n'y ont vu que du feu, même si elles ont fermé les portes de l'exposition quelques jours après le vernissage. Pour ce qui est de la biennale, en l'autorisant le gouvernement envoyait un signal très clair : pour appartenir aux sociétés modernes, il faut parler le même langage ou au moins faire semblant de le comprendre. Ils ont essayé de répondre aux goûts des Occidentaux, ont invité des commissaires d'expositions venus de l'étranger. Mais l'art qui est sorti de tout cela manque de courage et ne véhicule aucune idée.

Le stade olympique de Pékin. Photo : Weiwei.

Qu'est-ce qui vous a amené à l'architecture ?
En 2000, la Chine a commencé à faire venir des architectes étrangers. En arrivant, ils voulaient voir ce qui avait déjà été fait localement. Moi, j'avais déjà construit mon propre atelier. Ça m'a encouragé à faire plus de bâtiments, une soixantaine en six, sept ans. Et puis j'ai eu la chance de travailler avec Herzog et de Meuron sur le stade olympique aussi appelé « le Nid d'oiseau ». Nous l'avons conçu ensemble, même s'ils ont fait l'essentiel. Moi j'ai pris beaucoup de photos [dont certaines exposées à Paris, ndlr]. En 2007, un an avant le début des jeux Olympiques, j'ai réalisé que le show qui se préparait n'était rien d'autre que de la propagande dans le plus pur style communiste. J'ai donc refusé de participer à cette mascarade.

Vos réalisations architecturales de briques grises, conçues autour d'une cour dans l'ancien village de Caochangdi, au nord-est de Pékin, sont-elles une réponse à ces constructions modernes qui peuplent désormais la Chine ?
Il y a une continuité dans l'architecture occidentale depuis la Renaissance. En Chine, cette continuité a été saignée par la révolution. Depuis, nous haïssons le passé. Il n'a, à nos yeux, aucune valeur. Alors on le détruit. C'est dommage mais c'est comme ça. Et c'est ainsi qu'on se retrouve avec ces immeubles sans âme, sans joie, sans vie qui massacrent la terre et l'environnement.

Vous semblez utiliser le blog et Twitter de la même manière que votre appareil photo à New York, pour enregistrer votre quotidien.
Lorsque le portail Sina m'a proposé de tenir un blog en 2005, l'idée m'a immédiatement séduit. C'était enfin pour moi une chance d'écrire. D'ailleurs, les deux premières phrases que j'ai postées sont les suivantes : « On ne s'exprime pas sans raison. Mais l'expression est une raison en soi. » En mai 2008, le portail Sina m'a lui-même demandé de ne pas écrire sur l'anniversaire de Tian'anmen, le 4 juin. J'ai répondu que je n'avais rien prévu de particulier ce jour-là, mais que je ne pouvais faire cette promesse. Le 28 mai, mon blog était fermé. Alors je suis passé à Twitter. C'est court, plus limité, mais interactif. Et en chinois, avec cent quarante signes, on peut pratiquement écrire une nouvelle !

Vous avez donné le titre de Conte de fées à votre installation de la Documenta de Kassel, en Allemagne, en 2007. Comment l'idée de ce travail a-t-elle émergé ?
Je ne voulais pas présenter quelque chose de conventionnel comme un tableau ou une sculpture, mais me lancer dans un projet inédit. J'avais eu l'idée d'un livre sur la Chine en 2005. Mais le pays change si vite que cet ouvrage aurait rapidement été daté. Je me suis dit que je pouvais utiliser mes recherches pour brosser un portrait du pays à un instant T. Et c'est comme ça que je me suis retrouvé à chercher mille et un Chinoises et Chinois, venus de toutes les classes sociales et de tout le pays, que j'ai par ailleurs pris individuellement en photo. Il a fallu aider chacun à obtenir un passeport, ce qui n'est pas chose facile en Chine ; c'était ça, déjà, leur conte de fées… Puis un visa pour l'Allemagne. Et ils sont tous partis à Kassel ! Voilà mon œuvre : une installation vivante. C'est grâce à Internet que j'ai pu réaliser ce Conte de fées. Par la suite, j'y ai mené d'autres investigations…

Sur le tremblement de terre du Sichuan, en 2008, par exemple ?
Oui, et le gouvernement n'a pas supporté que j'enquête là-dessus. En guise de représailles, il a fait détruire un centre d'art et de culture qui m'avait été commandé à Shanghai. J'ai été tabassé une première fois et j'ai failli y perdre la vie. Puis j'ai été arrêté. C'est dingue qu'un État aussi fort puisse se sentir déstabilisé par un geste aussi simple qu'un clic de souris.


Source Télérama propos recueillis par Yasmine Youssi

samedi 25 février 2012

Recettes Soufflés-Soufflé au crabe


Soufflé au crabe

Préparation : 20 mn
Cuisson : 35 mn
Pour 4 personnes
1 bouquet de coriandre
200 g de chair de crabe
1 cuillerée à soupe rase de curry en poudre
4 œufs entiers
30 g de beurre + 10 g pour le moule
30 g de farine + 20 g pour le moule
30 cl de lait
10 cl de bisque de homard prête à l’emploi
Sel
Poivre du moulin
1. Préchauffez le four à 200 °C (th. 6-7).
2. Beurrez et farinez un moule à soufflé d’environ 20 cm de diamètre (ou quatre ramequins individuels) ; Placez-le au réfrigérateur.
3. Lavez et ciselez la coriandre. Dans un bol, émiettez la chair de crabe et mélangez-la avec la coriandre et le curry. Cassez les œufs en séparant les blancs des jaunes.
4. Préparez la béchamel. Dans une casserole, faites fondre le beurre. Ajoutez la farine, mélangez et laissez cuire pendant 4 ou 5 minutes à feu moyen, en remuant. Versez le lait froid, salez et poivrez. Portez à ébullition, puis faites cuire encore 4 ou 5 minutes, sans cesser de remuer.
5. Mélangez la chair de crabe épicée, la bisque de homard et les jaunes d’œufs à la béchamel. Montez les blancs d’œufs en neige ferme avec une pincée de sel. Incorporez-les délicatement à la béchamel à l’aide d’une spatule.
6. Remplissez le moule (ou les ramequins) aux trois quarts de cette préparation. Enfournez pour 35 minutes et n’ouvrez pas la porte du four durant la cuisson. Servez sans attendre.
Pour réussir ce soufflé, achetez des pattes de crabe fraîches ou surgelées, dont vous extrairez la chair ; évitez les miettes de crabe en conserve : elles rendent trop de jus.
Conseil
Pour obtenir un léger croustillant, faites rissoler la chair de crabe 2 minutes à feu vif dans 1 cuillerée à soupe d’huile d’olive.

vendredi 24 février 2012

Infos santé-Froid et tension artérielle


Froid et tension artérielle

La baisse des températures joue un rôle sur la pression artérielle des sujets âgés. Une étude américaine le montre à nouveau. Et la pression qui monte ce n’est pas terrible pour le cœur.

Parler de l’air du temps avec ses patients n’est pas futile et encore moins inutile ! On sait les dégâts dus aux fortes chaleurs et aux faibles écarts de température entre le jour et la nuit. On sait aussi que la baisse des températures joue sur la mortalité globale et la mortalité cardiovasculaire comme l’a montré une étude faite sur un certain nombre de villes européennes.

Cette fois, c’est de la région de Boston que nous arrive une information importante qui concerne la relation entre la température extérieure et les chiffres de pression artérielle. Elle est publiée dans ‘Occupational and Environmental Medicine’ par des chercheurs de Harvard. Pour cela ils ont utilisé une cohorte constituée d’anciens combattants, constituée en 1963.

Forte de 2280 hommes âgés de 21 à 80 ans, exempts de maladies chroniques.
Les hommes étaient suivis régulièrement tous les 3 à 5 ans pour diverses études. Entre 1990 et 2009, 1200 d’entre eux, agés de 53 à 100 ans, ont ainsi subi des mesures régulières de la pression artérielle, systolique et diastolique.

En même temps, les chercheurs ont consigné la température extérieure ou, plutôt les températures. Car, en plus de la température ambiante, on a également consigné la température ressentie et le point de rosée. Des paramètres de mesure de la pollution de l’air étaient également colligés.

Il y a eu au total 2343 visites durant l’étude, 1319 se passant pendant la période douce.

Entre période froide et période clémente, les auteurs n’ont pas noté de grosses variations de la pression artérielle moyenne des sujets étudiés, aussi bien pour la systolique que pour la diastolique.

Mais, lorsque la température extérieure décroissait de 5°C, les chercheurs ont noté une élévation de la pression artérielle diastolique de 0,68 % en moyenne, l’effet étant le plus visible au 5ème jour après la variation. Ces résultats étaient valables pour la température ambiante et la température ressentie. Et l’effet était cumulatif au cours du temps.

Cette élévation de la pression artérielle au froid a déjà été constatée dans plusieurs études. La pression diastolique reflète la capacité de relaxation des vaisseaux au moment où le cœur se remplit. L’élévation de cette composante tensionnelle traduit une perte d’élasticité de la paroi des vaisseaux.

Un phénomène qui peut entrer en ligne de compte pour expliquer l’excès de mortalité par pathologie cardiovasculaire constaté lors des saisons froides et que l’on ne retrouve pas lors des saisons chaudes.

Ce qui justifie les messages de prudence à destination des personnes atteintes de maladies cardiovasculaires et des personnes âgées lors des périodes de froid.

Référence de l’étude :
Jaana I Halonen et al.
Relationship between outdoor temperature and blood pressure
Occup Environ Med 2011;68:296e301. doi:10.1136/oem.2010.056507

Source docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)

mercredi 22 février 2012

Recettes Desserts-Œufs à la neige aux dragées


Œufs à la neige aux dragées

Préparation : 30 mn
Repos : 2 heures
Cuisson : 10 mn
Pour 4 personnes
4 œufs
50 cl de lait
5 cl de crème liquide
1 gousse de vanille
100 g de sucre en poudre
16 dragées
Sel
1. Versez le lait dans une casserole à fond épais. Portez-le à ébullition avec la gousse de vanille fendue et grattée.
2. Séparez les blancs d’œufs des jaunes. Dans un saladier, fouettez les jaunes avec 50 g de sucre jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Délayez avec le lait bouillant tout en fouettant. Reversez dans la casserole. Faites cuire à feu doux, sans laissez bouillir et en formant un huit avec une spatule jusqu’à ce qu’elle épaississe (un trait tracé au doigt sur la spatule doit rester net). Versez dans un saladier. Ajoutez la crème en fouettant. Laissez refroidir, couvrez, puis placez 2 heures au réfrigérateur.
3. Chauffez de l’eau dans une sauteuse. Montez les blancs d’œufs en neige. Incorporez le reste de sucre en continuant à battre. Avec une cuillère à glace trempée dans l’eau froide, formez des boules de blancs d’œufs en neige. Déposez-les au fur et à mesure à la surface de l’eau frémissante. Faites-les pocher 1 minute en les tournant. Retirez-les avec l’écumoire et égouttez-les.
4. Au moment de servir, déposez ces boules de neige refroidies sur la crème anglaise, puis éparpillez les dragées concassées.


mardi 21 février 2012

Recettes Desserts-Crêpes à la confiture de lait


Crêpes à la confiture de lait

Préparation : 5 mn
Cuisson : 5 mn
Pour 4 personnes
40 g de beurre salé
8 petites crêpes
40 g de cassonade
4 cuillerées à soupe de confiture de lait
Crème Chantilly en bombe
1. Recouvrez la plaque du four de papier sulfurisé. Allumez le gril du four.
2. Faites fondre doucement le beurre salé dans une casserole. Posez les crêpes sur la plaque du four. Arrosez-les de beurre fondu, puis saupoudrez-les de cassonade.
3. Posez la plaque à mi-hauteur, sous le gril, et faites dorer les crêpes pendant 2 minutes. Laissez-les refroidir.
4. Sur chaque assiette à dessert, déposez une crêpe, étalez par-dessus 1 cuillerée à soupe de confiture de lait, recouvrez d’une autre crêpe et couronnez de crème Chantilly, servez avec des fruits rouges.
Ces crêpes ne sont pas vraiment « light », mais elles sont tellement savoureuses !
Conseil
Préparez la confiture de lait en faisant cuire à très petit feu 1 litre de lait avec 400 g de sucre pendant 2 heures.
Ces en refroidissant que les crêpes vont devenir croustillantes.

Recettes Desserts-Crêpes au Nutella


 

Crêpes au Nutella

Préparation : 15 mn
Repos de la pâte : 30 mn
Cuisson : 3 mn par crêpe
Pour 8 crêpes
Pour la garniture 
1 petit pot de Nutella
16 crêpes dentelle
Pour la pâte
125 g de farine
2 œufs
25 cl de lait
20 g de beurre fondu
20 g de beurre pour la cuisson
1 pincée de sel
Préparation des crêpes
1. Versez la farine et le sel dans un saladier et creusez un puits.
2. Dans un autre bol, fouettez les œufs, le lait et le beurre fondu, puis versez dans le puits de farine. Fouettez à nouveau pour obtenir une pâte fluide.
3. Laissez reposer 30 minutes.
4. Mettez le beurre à fondre dans la poêle et versez l’excédent dans un petit bol. Essuyez le surplus avec un papier absorbant.
5. Quand la poêle est bien chaude, versez rapidement une petite louche de pâte et tournez la poêle en tous sens pour bien répartir la pâte sur toute la surface de la poêle. Dosez bien la quantité de pâte dans votre louche : si vous avez trop de pâte votre crêpe sera trop épaisse, mais si vous n’en avez pas assez, elle sera pleine de trous !
6. Quand la surface de la crêpe devient sèche et qu’elle a doré en dessous, au bout de 2 minutes environ, il est temps de la retourner. Faites-la sauter si vous êtes habile ou bien retournez-la à la spatule. Laissez cuire 1 minute sur l’autre face.
7. Déposez vos crêpes au fur et à mesure sur une assiette pour former une pile. Si vous voulez les garder au chaud, recouvrez l’assiette de papier d’aluminium et déposez l’assiette sur une casserole avec un peu d’eau à ébullition.
Préparation de la garniture
8. Placez le pot de Nutella 5 minutes au bain-marie ou 2 minutes dans le micro-ondes pour qu’il soit plus facile à étaler.
9. Étalez vos crêpes et tartinez-les généreusement de Nutella. Placez 2 crêpes dentelle à 2 cm du bord, puis enroulez les crêpes autour comme des cigares. Coupez les deux extrémités et déposez les cigares dans un plat. Dégustez sans trop tarder afin que les crêpes dentelle du centre restent bien croustillantes.
Variante
Vous pouvez remplacer les crêpes dentelle par des cigarettes russes, elles aussi bien croustillantes.
Vous pouvez varier le cœur de ces cigares. Pour une option fondante et non croustillante, garnissez vos crêpes d’un bâton de guimauve et passez-les 1 minute au micro-ondes.
Un truc
Pourquoi ne pas accompagner ces crêpes d’une boule de glace vanille saupoudrée d’un peu de praliné.


dimanche 19 février 2012

Recettes Desserts-Brioche perdue au four


Brioche perdue au four

Préparation : 20 mn
Cuisson : 25 mn
Pour 8 personnes
1 brioche longue de 500 g
50 cl de lait
50 cl de crème liquide
6 œufs
250 g de sucre en poudre + 2 cuillerées à soupe
2 gousses de vanille
1. Préchauffez le four à 180 °C (th. 6).
2. Portez le lait à ébullition avec les gousses de vanille fendues dans le sens de la longueur.
3. Dans un saladier, battez les œufs avec le sucre jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Versez dessus le lait chaud en fouettant, puis la crème froide. Récupérez les gousses de vanille. Grattez les graines avec la pointe d’un couteau. Dispersez-les dans la préparation au lait.
4. Coupez la brioche en tranches de 5 mm. Étalez-les dans un plat creux. Versez dessus le mélange lait, œufs et crème.
5. Faites cuire 20 minutes au four, au bain-marie. Laissez tiédir hors du four.
6. Au moment de servir, saupoudrez la surface de 2 cuillerées à soupe de sucre et faites dorer 3 à 4 minutes sous le gril du four. Servez dans le plat de cuisson.

jeudi 16 février 2012

Billets- Charte de l'environnement de 2004




Charte de l'environnement de 2004

Le peuple français,
Considérant :
Que les ressources et les équilibres naturels ont conditionné l'émergence de l'humanité ;
Que l'avenir et l'existence même de l'humanité sont indissociables de son milieu naturel ;
Que l'environnement est le patrimoine commun des êtres humains ;
Que l'homme exerce une influence croissante sur les conditions de la vie et sur sa propre évolution ;
Que la diversité biologique, l'épanouissement de la personne et le progrès des sociétés humaines sont affectés par certains modes de consommation ou de production et par l'exploitation excessive des ressources naturelles ;
Que la préservation de l'environnement doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux de la Nation ;
Qu'afin d'assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins,
Proclame :

Article 1er. -
Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé.

Article 2. -
Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l'amélioration de l'environnement.

Article 3. -
Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu'elle est susceptible de porter à l'environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences.

Article 4. -
Toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu'elle cause à l'environnement, dans les conditions définies par la loi.

Article 5. -
Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage.

Article 6. -
Les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. A cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès social.

Article 7. -
Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d'accéder aux informations relatives à l'environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement.

Article 8. -
L'éducation et la formation à l'environnement doivent contribuer à l'exercice des droits et devoirs définis par la présente Charte.

Article 9. -
La recherche et l'innovation doivent apporter leur concours à la préservation et à la mise en valeur de l'environnement.

Article 10. -
La présente Charte inspire l'action européenne et internationale de la France.
* Loi constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars 2005 (JO du 2 mars 2005)

Source Conseil Constitutionnel

lundi 13 février 2012

Billets-Dominique Souchier



Dominique Souchier  "C'est arrivé cette semaine" 

Mise à jour : dans un communiqué publié ce 4 février, la Société des Journalistes d'Europe 1 a apporté tout son soutien à Dominique Souchier. La SDJ écrit notamment : "priver Dominique Souchier d'invités politiques, c'est dévitaliser ses émissions, leur faire perdre leur sens le plus profond : celui de replacer le discours politique au cœur d'une réflexion et au cœur de la société, comme Dominique l’a toujours fait lors des précédentes campagnes électorales".

Samedi 4 févier, juste avant 10h, Dominique Souchier s'apprête à conclure l'une de ses deux émissions hebdomadaires, C'est arrivé cette semaine. Puis lance, d'une voix brisée : « Denis Olivennes et Arlette Chabot m'ont demandé de ne plus recevoir d'hommes et femmes politiques jusqu'à l'élection présidentielle, contrairement à ce que je fais chaque semaine depuis 15 ans. (...) Je ne comprends pas cette décision. Elle me meurtrit, parce que je me fixais précisément comme challenge de mêler dans la même émission ceux qui observent, ceux qui réfléchissent, ceux qui agissent et ceux qui font de la politique. Cet exercice là n'est plus possible, je décide donc de l'arrêter . » Le journaliste est au bord des larmes. Et tandis que le réalisateur envoie la musique du générique, il continue de parler, remerciant celles et ceux qui ont travaillé à ses côtés toutes ces années.

Aussitôt, la nouvelle se répand sur la Toile, et les messages de soutien affluent - de la part d'auditeurs anonymes, mais aussi de personnalités médiatiques comme Nicolas Demorand, Anne Sinclair ou Valérie Trierweiler. Du côté de la direction d'Europe 1, personne, visiblement, ne s'attendait à une telle réaction. Sur Twitter, Denis Olivennes se dit : « stupéfait et profondément attristé par la décision inattendue et incompréhensible de Dominique Souchier. Résolu à le faire changer d'avis. » Arlette Chabot, directrice de la rédaction que nous avons joint ce matin, assure être « tombée de l'armoire (...) Ce que nous lui avons demandé, c'est de ne plus recevoir de personnalités dont les propos sont décomptés par le CSA dans le cadre de la campagne électorale. Pour des raisons de lisibilité, ces invités seront reçus dans nos rendez-vous politiques stricto sensu. Cela ne durera que le temps de la campagne, et Dominique n'est pas le seul concerné : les émissions de Wendy Bouchard, Michel Field ou Olivier Duhamel le sont aussi. Avec eux, ça ne pose pas de problème ».

L'annonce du départ de Dominique Souchier tombe mal pour Europe 1, dont le climat social s'est sérieusement tendu ces dernières heures - menace de grève à l'appui. Elle rappelle aussi les déclarations fracassantes d'une autre grande voix de la station, Pierre-Louis Basse, qui assurait l'an dernier avoir été écarté de l'antenne pour des raisons politiques.

Nous avons pu joindre Dominique Souchier, alors que l'annonce de son départ n'en finissait plus de susciter des réactions sur les réseaux sociaux. Aude Dassonville a recueilli ses toutes premières explications.

Quand avez-vous pris la décision de jeter l’éponge ?
La semaine dernière (celle du 30 janvier au 5 février, NDLR). J’étais souffrant. On a indiqué à mon remplaçant qu’il n’était plus question que cette émission accueille des invités politiques. C’est mon assistante qui m’a fait part de cette décision, par SMS. Moi, personne ne m’a prévenu. Quand je suis revenu, lundi, j’ai envoyé un mail à Denis Olivennes pour lui dire que je ne comprenais pas, et que je ne saurais l’accepter. Que si cette demande demeurait, j’en serais meurtri. Ensuite, ma décision s’est imposée au fur et à mesure de la semaine. Il ne faut pas traîner ces trucs-là.

Arlette Chabot, la directrice de la rédaction, dit que la sentence est la même pour toutes les émissions de programmes, qu’il s’agisse de Mediapolis ou du Forum Citoyen
C’est se moquer du monde… Pour commencer, cela fait plus d’un an que Michel Field et Olivier Duhamel ne reçoivent plus de politiques dans leur émission. Ensuite, qu’est-ce ce que ça veut dire, « une émission de programmes » ? Moi, je fais une émission sur l’actualité, je fais de l’info, point. Enfin, depuis quinze ans que cette émission existe, je crois que j’ai montré que je savais ce que c’était, « respecter les équilibres ». Cette semaine, j’ai préparé mon émission comme d’habitude. Avec un invité politique. Elle m’a demandé de l’annuler, j’ai refusé, elle l’a fait elle-même.

Ce renoncement aux invités politiques n’aurait duré que deux mois…
Mais après la présidentielle, il y a les législatives ! Et puis après, on me dira quoi ? Qu’il y a trop d’intellectuels dans mon émission ? Quand ça commence comme ça, il n’y a plus d’émission possible. Et qu’on ne vienne pas me dire que je ne supporte pas une humiliation, ou que je fais ma cocotte…

Denis Olivennes est immédiatement venu vous voir, ce matin, après votre annonce… Que vous a-t-il dit ?
Que c’était absurde, que je devais réfléchir, revenir sur ma décision… Mais j’ai dit que l’émission s’arrêtait, elle ne recommencera pas. Je ne fais pas du music-hall. Si lui et Arlette Chabot tenaient tant à cette émission, ils n’avaient qu’à l’écouter avant.

Source Télérama Aude Dassonville et Valérie Lehoux

vendredi 10 février 2012

Recettes Desserts-Brownies au Nutella

 
Brownies au Nutella


Préparation : 15 mn
Cuisson : 15 mn
Pour 6 personnes
200 g de Nutella
150 g de farine
100 g de noisettes
1 sachet de sucre vanillé
3 œufs
1 sachet de levure
1. Préchauffez le four à 180 °C (th. 6). Broyez grossièrement les noisettes. Faites ramollir le nutella au bain-marie.
2. Dans un récipient, battez les œufs. Ajoutez le sucre vanillé, la farine et la levure. Remuez et faites couler lentement le nutella. Rajoutez les noisettes.
3. Versez la préparation dans un moule carré préalablement beurré. Lissez la surface.
4. Enfournez pendant 15 minutes. Plantez un couteau au cœur, la cuisson est réussie s’il ressort propre et lisse.
5. Laissez tiédir, démoulez et coupez en gros carrés.
Conseil 
Si vous désirez des brownies fondants, diminuez la cuisson de 5 mn. 
Pour aller plus vite : versez la préparation dans des petits moules carrés d’une seule portion. 5 mn de cuisson suffisent.


mercredi 8 février 2012

Billets-Entretien avec Pierre Bergounioux


Photo : Richard Dumas pour Télérama.

L'écrivain né en Corrèze, voix majeure de la littérature française, publie le troisième tome de son “Carnet de notes”.

L'enfance et le temps sont les deux pôles du territoire littéraire qu'arpente, depuis près de trente ans, Pierre Bergounioux. Plus de soixante titres, souvent des récits d'essence autobiographique, sont venus ponctuer cet itinéraire d'écrivain. Des textes qui puisent à sa propre histoire : celle d'un enfant né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à Brive-la-Gaillarde, qui a grandi en Corrèze avant de venir faire ses études supérieures à Paris, et devenu des décennies plus tard l'une des quelques voix essentielles du paysage littéraire français. Ecrire et enseigner : voilà ce qui a occupé l'existence de Pierre Bergounioux. En marge de quoi ont trouvé place d'autres passions : la sculpture, l'amour de l'entomologie et des arts africains. Alors que paraît le troisième volume de son Carnet de notes, rencontre avec un homme érudit et chaleureux, hanté par la question des origines.

Vous souvenez-vous de l'irruption de la littérature dans votre vie ?
Pierre Bergounioux. J'ai toujours énormément lu, dès l'enfance. En même temps, il existait une règle invariable : les livres que je lisais se rapportaient toujours à des endroits où je n'avais jamais mis les pieds. Et réciproquement, les lieux qui m'étaient familiers, l'univers dont j'avais l'expérience sensible, étaient dépourvus d'écho dans le registre éclatant, prestigieux, sacralisé de la littérature. Ce qui était notre expérience, notre vie, n'existait qu'une seule fois, dans les choses elles-mêmes. Tandis qu'inversement il existait au loin des choses dont on n'avait aucune connaissance pratique, et qui seules, étrangement, étaient pourvues de cette image resplendissante dont les livres étaient le miroir. Il me semblait qu'il y avait des mondes qui sécrétaient naturellement de la littérature. Depuis toujours, les livres, mais aussi la presse, les magazines, les actualités qu'on voyait au cinéma, tout ce tourbillon d'images représentait invariablement Paris. Et jamais, au grand jamais, nous n'avions vu apparaître sur écran le petit monde dont nous étions à la fois les habitants et les otages. On sentait bien qu'il y avait deux univers : le nôtre, entouré d'une sorte de malédiction, de relégation inexpliquée, et un autre, dépositaire de toutes les clartés, de toutes les perspectives, vers quoi il semblait qu'il serait peut-être bon de se transporter.

Qu'est-ce qui a brisé cette malédiction tant individuelle que collective ?
P.B. J'ai partagé l'expérience classique de ma génération. Je suis de 1949, j'appartiens à la vague des baby-boomers. Jamais le peuple français n'a mis en circulation autant d'enfants qu'en cette année-là : nous étions 930 000. Cet élan démographique, qui succède à l'inquiétude et aux grands drames qui ont marqué la période immédiatement précédente, coïncide avec un événement dont on n'a pas mesuré sur le moment les conséquences, une sorte de révolution silencieuse : la fin de la petite paysannerie. S'est produite, à ce moment, assez brusquement, une reconversion de toute une partie de la population française dans d'autres secteurs d'activité : l'industrie, et surtout le tertiaire. On ressent alors un besoin de main-d'œuvre qualifiée et, concrètement, cela veut dire que les gosses qui avaient vocation à arrêter leurs études à la fin de l'enseignement primaire ont été poussés à aller plus loin, pour acquérir des capacités plus importantes.
Cela a été ma chance, et celle de ma génération. Du jour au lendemain, nous avons vu s'ouvrir devant nos yeux des perspectives physiques et mentales nouvelles. Physiques d'abord : on va partir, quitter la région. Pour la première fois, on ne va pas reproduire à l'identique la vie de ceux qui nous précédaient et qui n'avaient jamais franchi les limites du canton. Perspectives mentales aussi : on va prendre notre part de cette culture scolaire, savante, lettrée, citadine, centrale, dominante... dont nous étions, de toute éternité, excommuniés. Voilà ce qui nous est arrivé.
Mais la révolution mentale est seconde. Ce qui est premier, c'est ce que les sociologues appellent les bouleversements morphologiques. La fin d'une classe sociale. En 1914, il y a 10 000 étudiants en France. En 1945, environ la moitié de la population française a encore pour horizon le travail paysan. En 1966-1967, lorsque je commence mes études secondaires, nous sommes 600 000 dans ce cas. Je ne fais jamais qu'illustrer, à mon échelle chétive, un processus historique dont l'ampleur est prodigieuse. Et qui s'est traduit à l'échelle individuelle par une sorte de conversion. Il a fallu mourir à celui qu'on était, à celui que l'endroit où nous avions grandi avait fait de nous, pour tenter de renaître autre.

Est-ce allé avec un sentiment de trahison sociale ? Une certaine mélancolie ?
P.B. Cela s'y apparente, même si c'était ambigu. On perdait des choses auxquelles on était attachés, tout ce à quoi on avait cru. Et on devait embrasser les vues qui avaient cours au loin, car les nôtres étaient en quelque sorte dépourvues de toute valeur, toute portée, toute universalité, donc de signification. Mais en même temps, et peut-être est-ce là ce qui nous a aidés à franchir le pas, on commençait à recueillir, même si c'était de façon intermittente et confuse, les échos d'un monde extérieur qui se confondait avec le futur.

C'est une réflexion que vous avez construite a posteriori…
P.B. Bien sûr. Il fallait que je dispose d'instruments de pensée qui n'étaient pas disponibles sur place. Pour parodier Pascal, je dirais que tout notre malheur venait de ce que nous ne disposions pas des outils propres à nous permettre de nous représenter ce que nous étions. Nous nous sentions comme des réprouvés, privés de cette existence seconde, magique, que la culture lettrée confère aux êtres et aux choses. Concrètement : les livres parlent de Paris, la littérature reflète de mille manières Paris, centre de décision, foyer de la valeur des choses. Dans les rayonnages de la bibliothèque municipale que je fréquentais assidûment, durant toute mon enfance et mon adolescence j'ai cherché, sans le dire, le livre énigmatique qui aurait agi comme un miroir et dans lequel j'aurais découvert qui nous étions, quelque déplaisante et humiliante que puisse être l'image de nous-mêmes que j'y aurais trouvée. J'ai cru, dans un premier temps, que j'avais mal cherché, que ma maladresse m'avait interdit d'aller vers ce livre. Et il a fallu qu'un certain nombre d'années supplémentaires s'écoulent avant que je comprenne que le livre en question était resté dans l'encrier.

Est-ce pour écrire ce livre qui n'existait pas que vous êtes devenu écrivain ?
P.B. Peut-être bien. Sachant qu'il fallait, à cet effet, effectuer une sorte de grand détour par les livres « étrangers » qui conditionnaient la composition de cet ouvrage « indigène ». Il s'agissait de prendre sur soi le point de vue d'un autre, pour accéder à cette vérité de soi qui nous demeure étrangère aussi longtemps qu'on ne s'est pas éloigné, qu'on n'a pas porté sur soi-même un regard distant et dépassionné. Une vérité qui, pour être la nôtre, ne nous en demeure pas moins dans un premier temps fermée. La seule issue était celle de l'école républicaine. Il fallait étudier, apprendre, le chemin était là.

Vous êtes aussi devenu enseignant, y a-t-il un rapport ?
P.B. Je n'ai aucun mérite à cela, pour deux raisons. La première est que ma mère était bachelière en 1940, à une époque où 3 % des jeunes filles seulement accédaient au bac. Ce petit bout de femme aimante, attentive, éclairée, a été continuellement penchée sur mon épaule, tout le temps que je suis resté dans ma petite sous-préfecture. Me communiquant tout ce qu'elle avait pu elle-même acquérir, après quoi je n'ai plus eu qu'à continuer sur la lancée qu'elle m'avait imprimée. La deuxième raison est que ma grand-mère paternelle avait désiré, je ne sais pourquoi, que mon père soit professeur d'espagnol. Mais la guerre est survenue, ça ne s'est pas fait, et tout cela m'est tombé sur la tête, accru du poids de deux générations. Je n'avais aucune chance de ne pas devenir enseignant. C'était écrit à l'encre sympathique dans le grand registre noir de mon imagination : un jour, tu seras prof – et je le suis devenu.


Photo : Richard Dumas pour Télérama.

Nous n'y sommes donc pas pour grand-chose, dans ce qui nous arrive ?
P.B. Très peu. Nous sommes le jouet des circonstances plus que les maîtres. Il me semble que l'essentiel était dit avant même que je ne voie le jour. A la fois dans les grandes lignes – en l'occurrence, cette « fin des terroirs » ainsi que l'a définie l'historien américain Eugen Weber – et de façon plus individuelle. Un caractère de fatalité s'attache à une origine sociale et géographique. La géographie, c'est une histoire. Le fait de voir le jour sur la bordure occidentale du Massif central, dans une région de terres mauvaises et de faibles ressources, a un certain nombre de conséquences. Jamais les personnes que je côtoyais là durant mon enfance n'ont soupçonné la puissance libératrice de la culture lettrée.

Vous avez longuement étudié : la littérature, la philosophie, l'art, l'histoire, la sociologie, mille autres savoirs… Ecrire avec toutes ces connaissances et cette conscience du passé, n'est-ce pas parfois lourd, voire décourageant ?
P.B. C'est la question de toute une vie pour moi. La connaissance, que nous ne pouvons pas ne pas prendre, de ceux qui se sont mêlés avant nous d'établir le sens du monde, n'est-elle pas mortelle ? Pour ne rien vous cacher, lorsque je lis, d'Homère à Faulkner, et avec eux tous les auteurs qui au fil des siècles ont fait avancer la conscience humaine contre les forces de l'ignorance et de l'obscurité, j'ai du mal à ne pas réprimer un sanglot. Je me sens littéralement écrasé. Mais je me rappelle simplement ce fait : nous sommes les vivants. Ils ont eu leur jour, ils en ont livré le sens avec une intelligence, une sensibilité à quoi il semblerait que rien ni personne ne puisse plus atteindre. En ce sens, mes initiatives sont misérables, d'oser prendre encore la plume. Mais d'un autre côté, pour les adeptes de la culture rationnelle que nous sommes depuis la Renaissance, le monde reste une énigme. Il est neuf chaque jour, et il nous appartient de le déchiffrer. C'est notre affaire, à nous les vivants, d'interroger ce mystère. Et même si nous échouons finalement, au moins aurons-nous livré bataille. Nous nous serons efforcés de percer l'énigme à quoi le monde et nos vies s'apparentent. On aura l'éternité pour se reposer de nos peines.

L'insatiable soif de connaître ce qui s'est écrit et pensé avant vous n'entraîne-t-elle pas une dévoration du temps ?
P.B. J'ai essayé de trouver un compromis acceptable entre ces deux exigences, écrire et lire, chacune revêtue d'un caractère d'absolue nécessité. Si on ne lit pas, si on n'essaie pas de prendre la mesure du point qu'ont atteint ceux qui nous ont devancés et qui conditionnent l'invention présente, on s'expose à refaire ce qui a d'ores et déjà été fait, et sera, à ce titre, frappé de nullité. Quiconque ignore l'histoire de la partie qui est sienne s'expose à des candeurs qui ne pardonnent pas. Les innocents n'ont jamais les mains pleines. Il est indispensable de savoir ce qui a été accompli pour trouver son propre style. Le style qui est une manière de voir, d'être, de ressentir, de dire, mais rarement une manière d'écrire. Le style n'est pas un artifice, une sorte d'excipient formel qu'on ajouterait à un contenu.
La littérature a à voir directement avec la vie. Si elle se ramène à des jeux d'alexandrins, elle n'en vaut pas la peine. Le fait de voir une chose pour ce qu'elle est change la chose, change le monde, et nous change. Ce qui nous accablait, nous aliénait, perd son pouvoir. Le monde n'est ce qu'il est que parce qu'il inclut l'idée qu'on se fait de lui. Il vaut parce qu'il y a vous, parce qu'il y a moi.

Ecrire, c'est entrer dans un processus d'élucidation, donc de libération ?
P.B. J'ai toujours fait le plus grand cas de ce que la littérature pouvait offrir d'éclaircissement sur le mystère de nos vies. J'ai déploré enfant que nul adulte ne puisse répondre à mes questions, que nul livre ne rende compte de l'expérience foncière et originelle qui était la mienne. Lorsque l'heure a été venue, le gosse de 6, 12, 15 ans que j'avais été m'a tiré par le coude et m'a dit : tu as vieilli, les temps sont accomplis, il te faut faire droit à la requête que j'ai présentée aux adultes d'alors qui n'ont pas su me répondre. Tu es devenu un vieil homme, c'est à toi de me livrer cette explication dont je ressens toujours l'extrême besoin. Tu vas gagner ta table de travail, prendre du papier et un crayon, et me fournir enfin la réponse aux questions que je pose. Jusqu'à la quarantaine, à ce point absorbé par les études savantes, je n'avais pas eu une pensée pour les grands mystères de l'enfance et de l'adolescence, que j'avais en quelque sorte passés par profits et pertes. A 40 ans, je me suis dit qu'il était temps d'y revenir, de m'en retourner vers ce monde étrange que j'avais habité, pour essayer de le clarifier.
Tout cela est lié à notre culture rationnelle : nous ne pouvons pas nous contenter du monde tel qu'il est. Outre les choses, il nous faut l'explication des choses. Si nous étions d'une autre culture, animistes par exemple, nous aurions un rapport immédiat avec ce qui n'est pas nous. La culture rationnelle dont nous sommes pétris a pour effet que nous exigeons des choses qu'elles nous livrent leur essence, au-delà des apparences.

Tenir minutieusement ces carnets, qui rendent compte au jour le jour de votre quotidien, est-ce une autre manière de lier l'écriture et la vie ?
P.B. Là encore, je suis le fils de mes parents. Mon père a pris le parti, lorsque nous sommes nés mon frère et moi, de tenir des cahiers dans lesquels figuraient les événements menus qui émaillaient notre existence. Je me suis borné à poursuivre quelque chose qui avait débuté dès avant que je sois. Ce souci, qui m'a pris vers la trentaine, s'inscrivait dans cette habitude qui m'avait préexistée. Simplement, je pouvais introduire dans ce livre de raison des attendus auxquels mes parents n'avaient pas forcément accès, parce qu'ils n'avaient pas bénéficié d'une éducation prolongée, contrairement à moi qui n'ai rien fait d'autre qu'étudier jusqu'à mes 25 ans.

Consigner ainsi le quotidien, c'est aussi sauver les choses, les êtres de la disparition ?
P.B. C'est vouloir follement conserver la mémoire d'un certain nombre de faits qui, de prime abord, semblent peu importants. Il eût été plus simple et reposant de s'abstenir. Mais ce qui peut m'inciter à tenir ces carnets est que je me défie de celui que je suis aujourd'hui, et que je crédite celui que je serai demain d'un discernement supérieur. Je postule que, peut-être, celui que je serai demain trouvera profit à reconsidérer ce qui a en partie échappé à celui que je suis aujourd'hui. Et accédera, par ce moyen, à une compréhension plus exacte, plus précise de cette étrange affaire que c'est de vivre.

Propos recueillis par Nathalie Crom (Télérama)